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Interview "MON PARCOURS" - M. Pierre-Yves Lenoir - Administrateur du théâtre National de l’odéon

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03.11.2012

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1. Quel est votre parcours ?

Mon parcours s’est toujours articulé autours de la culture. C’est un domaine qui m’a toujours intéressé et par lequel je me suis toujours senti attiré. J’ai plus précisément été séduit par le domaine du spectacle vivant. J’ai donc naturellement orienté mes recherches de stages vers ce milieu. Après ma sortie d’école, j’ai effectué mon service civil au théâtre du Nord. Entre 1995 et 2000, j’ai été contrôleur de gestion puis administrateur adjoint au théâtre de La Colline à Paris. Puis en 2000, j’ai exercé la fonction de directeur administratif et financier du Centre national de la danse à Pantin. De 2002- à 2008, j’ai été administrateur du Théâtre du Rond-point. Enfin en 2008, j’ai été nommé administrateur du théâtre de l’Odéon – théâtre de l’Europe.

 2. En quoi consiste exactement votre métier actuel ?

Le métier d’administrateur regroupe une variété de tâches. L’administrateur d’un théâtre a pour mission principale de mettre  en œuvre et superviser la production de spectacles. Il assure également la gestion budgétaire et administrative du théâtre. Enfin il aide le directeur du lieu, à façonner l’identité du théâtre. Cependant, le métier en lui-même varie en fonction de chaque structure selon son volume d’activité, ses missions, ses sensibilités ou son histoire.

3. Pourquoi/ Comment avez-vous choisi de vous orienter vers le monde de la culture ?

Le spectacle vivant était pour moi comme un rêve d’enfant. Je ne dirais pas que j’étais passionné par le théâtre avant d’y travailler mais j’ai toujours été attiré par le domaine de la culture. Le théâtre est un projet professionnel qui s’est dessiné au fil des occasions.

Cette orientation, c’est tout d’abord pour moi une rencontre. En effet, j’ai eu la chance de rencontrer M. Daniel Benoin, directeur de la Comédie de Saint-Étienne. Les échanges, que nous avons pu avoir sur ses fonctions et le fonctionnement de son théâtre m’ont beaucoup apporté.

Ensuite, je dirais que c’est une occasion. En tant que Président du festival « Prix de court », à l’EDHEC, j’ai eu la chance de pourvoir suivre et accompagner un projet artistique. Participer à cette association a été une chance et un véritable défi, pour moi.

Enfin, c’est en cherchant à donner un sens à mon métier que j’en suis arrivé à m’orienter vers le spectacle vivant. Ce que je cherchais comme principe était de pouvoir accompagner des projets. Je cherchais à rendre possible des projets au sein d’un cadre, pensé pour cela. Contribuer au développement d’une stratégie et d’une ligne de conduite pour un lieu. Tout projet artistique peut être mené et développé. L’important est de trouver le cadre qui lui convient. A chaque endroit son expression et à chaque expression son lieu de présentation.

4. En quoi l'EDHEC vous a permis d'arriver là où vous êtes ?

L’EDHEC m’a fourni un enseignement général de qualité. C’est cet enseignement qui m’a permis d’acquérir des bases techniques solides. Ces bases sont très utiles dans des postes transversaux.

Cependant, je dirais que ce qui m’a rendu le plus service dans ma carrière, c’est mon investissement dans mon association « Prix de court », et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord nous avons repris une association qui était en grandes difficultés financières. Ce fut notre premier pari de pouvoir relever cette association. Ensuite, parce que dans le cadre de cette association, nous avons monté le festival UGC, qui est toujours en place. J’ai beaucoup aimé l’idée de me lancer dans un projet dont la réussite n’était pas du tout acquise. Ce projet culturel était à rebâtir et développer.

5. Quelle utilisation de votre réseau social avez-vous fait au cours de votre parcours ?

Je ne pense pas avoir particulièrement sollicité de réseau lors de mes recherches. Je n’ai en effet pas nécessairement pensé à celui de l’EDHEC. J’ai agi sur un réseau personnel que j’ai développé progressivement. Aujourd’hui, je dirais que j’ai un mode de pensée différent. En tant qu’étudiant, je chercherais évidement à profiter des outils qui sont à ma disposition. En tant que professionnel, je pense que les réseaux sociaux ont un réel intérêt pour les évolutions de carrière, mais plus particulièrement dans les démarches de recherches de fonds.

6. Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes professionnels, aux étudiants et/ou aux personnes qui souhaitent se reconvertir dans le monde de la culture ?

 Tout d’abord, je dirais que le fait de vouloir se spécialiser par les études dans un secteur précis de la culture ne me semble pas nécessaire. Tout d’abord parce que la « carte EDHEC » est une bonne carte. Elle est la garantie d’une tête bien faite. Ensuite parce que, l’accumulation de diplômes dans ce domaine ne sert pas toujours à grand chose. Des études spécialisées apporteront certes une photographie plus précise du secteur de la culture concerné, mais elles ne seront pas une réelle plus-value pour un recruteur. 

Ce qui est valorisable pour moi, c’est l’expérience. Je pense qu’il faut mettre un pied dans le domaine de la culture le plus tôt possible. Il ne faut pas hésiter à faire des stages, faire des petits boulots etc… Cette expérience est toujours valorisable sur un CV, parce que concrète. En plus, elle permet de mieux appréhender le fonctionnement de ce milieu, dont les codes ne sont pas toujours évidents.

Je pense que le secteur de l’industrie culturelle et de la culture subventionnée sont en pleines mutations. Dans les années 80/90, la culture était pléthorique et dépensière. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il y a, selon moi, un avenir à exploiter ce changement. Il y a une carte à jouer dans ce secteur. En effet, on recherche de plus en plus des personnes qui ont une formation de gestionnaire et qui connaissent le secteur privé. On cherche de plus en plus, dans les domaines subventionnés, de personnes qui savent diversifier les sources de financement. Des personnes qui savent aussi faire le lien entre le domaine public et le domaine privé, et qui en connaissent les fonctionnements. Dans ce contexte là, la personne recherchée est la personne qui va pourvoir apporter un réseau. Ce type de fonction est amené à se développer. Ce sont des fonctions nouvelles à créer. On tend, selon moi, à se tourner vers un modèle de plus en plus inspiré du modèle anglo-saxon de financement de la culture. Cela se justifie d’autant plus que la culture a un véritable impact sur l’économie. Selon certaines études, 1€ de subvention dans un théâtre, peut générer jusqu’à 10de retombées économiques pour la région.

 

Interview par : Camille Godeberge 

 

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