Concept introduit au début du 20^e siècle par le psychologue américain Andrew Salter, l’assertivité désigne la capacité de chacun à s’exprimer et défendre ses droits tout en respectant l’autre. On parle plus généralement d’affirmation de soi. Dans l’univers professionnel, cette soft skill est centrale au leadership, car elle questionne l’autorité et l’influence que nous avons sur soi et sur autrui ; elle intervient dans tes relations avec les autres et ta façon de gérer les conflits. 

C’est pour parler de cette compétence essentielle que l’EDHEC Career Centre for Life a convié Camille Guise – EDHEC 2004 et coach certifiée auprès de cadres et dirigeants – à animer un webinaire lors de l’Alumni Summer Session 2021. L’occasion de nous interroger sur notre manière de communiquer, pour les effacés comme pour les plus assurés. Alors, comment prendre du recul et travailler ton assertivité pour progresser ? 

Communication passive ou agressive : caractéristiques et conséquences

Notre posture par rapport à l’affirmation de soi s’exprime de trois manières : la passivité, la neutralité ou l’agressivité.  En dire trop ou se taire peut mener à des situations explosives, voire à un épuisement professionnel, si on ne sait pas communiquer ses désirs. Camille explique qu’avoir un comportement passif ou agressif peut être adapté à une situation précise.  Cependant, leurs conséquences sont souvent délétères pour soi ou dans les relations aux autres.

En effet, l’individu faisant preuve d’une communication passive aura tendance à se laisser dominer par les autres, à taire ses besoins ou attendre qu’on les devine. Il est généralement peu audible et fuit les conflits… Ce qui entraîne beaucoup de frustration de ne pas avoir dit ce qu’il avait à dire et c'est le risque d’exploser façon cocotte-minute. 

Au contraire, l’individu faisant preuve d’agressivité, sait exprimer ses désirs, mais n’agit pas dans le respect d’autrui. Avec une posture rigide, il s’exprime de façon très directe et parfois brutale, monopolise la parole, a tendance à généraliser et à contre-attaquer en cas de conflit… Cette attitude inappropriée lui permet d’obtenir ce qu’il veut, néanmoins ce passage en force  peut engendrer de la culpabilité.

Les conséquences d’un manque ou d’un excès d’affirmation de soi sont ainsi très concrètes : elles engendrent des émotions négatives entraînant une dévalorisation de soi et des relations à autrui compliquées, jusqu’à être parfois pris dans un cercle vicieux : moins j’exprime mes besoins, moins j’obtiens ce que je souhaite, plus je me dévalorise, etc.

D’où viennent nos comportements relatifs à l’affirmation de soi ?

Le concept d’affirmation de soi vient des États-Unis ; il est issu du développement des minorités raciales et mouvements féministes, mais aussi de la Communication Non Violente – processus développé par le psychologue Marshall Rosenberg. Mais comment distinguer l’assertivité de l’agressivité ? Les différences sont évidentes : la personne affirmée négocie là où la personne agressive s’impose. Elle dialogue plutôt que de menacer, respecte l’autre au lieu de le rabaisser. Elle juge les comportements et non les personnes. Pour Camille, « toute la différence entre une communication agressive et une communication assertive est qu’on ne puisse rien te reprocher ». 

En fait, ta capacité à t’affirmer est influencée par de nombreux facteurs : éducation, environnement professionnel, peurs et croyances, estime de soi. En France, où l’éducation est très normée, l’individu a appris à être respectueux de la hiérarchie, à avoir une parole cadrée avec rarement le droit à l’erreur, ce qui pousse à contrôler propos, idées, comportements et émotions. Croyances limitantes et craintes (du jugement, du ridicule, de l’échec…) conditionnent également tes réactions, tout comme l’environnement professionnel plus ou moins rigide, exigeant, ouvert d’esprit, dans lequel tu évolues. Enfin, une bonne estime de soi est une condition fondamentale pour t’affirmer correctement. 

D’autres éléments agissent sur ton assertivité, les trois D de l’être humain, mis en exergue par les thérapies comportementales et cognitives (TCC), explique Camille :

• La tête ou dimension cognitive (réflexion, raisonnement, anticipation…)
• Le cœur ou dimension affective (ressenti)
• Les tripes ou dimension conative (façons d’agir, réactions…)

Ces trois dimensions impactent ta façon de communiquer. C’est pourquoi tenir compte de ton ressenti face à une situation est primordial pour t’exprimer et agir sereinement ; cela relève des compétences relationnelles qui sont au cœur de l’assertivité.

 Apprendre à changer sa façon de communiquer pour asseoir son assertivité

L’assertivité est une soft skill aussi utile que tu sois manager (responsable de la réalisation d’objectifs fixés comme de la cohésion de ton équipe) ou managé (pour bien communiquer avec la hiérarchie). 

Et bonne nouvelle : ça s’apprend !

Camille conseille d’avancer progressivement, en travaillant ton assertivité dans des situations que tu estimes d’abord peu compliquées : formuler une demande ou une critique, verbaliser un sentiment, prendre la parole en public… Il s’agit d’identifier et hiérarchiser ces situations selon leur niveau de complexité et les personnes avec qui elles sont problématiques, et de t’entraîner à chaque occasion en commençant par les changements comportementaux les plus simples à adopter pour toi. Par exemple, pour communiquer efficacement, prends de la hauteur sur les circonstances, analyse ton ressenti et tes besoins, et autorise-toi à dire non si nécessaire, mais en proposant des solutions et en évitant les injonctions négatives. 

La méthode DESC est très efficace pour apprendre à dire les choses et gérer les scénarios conflictuels ou émotionnels. Cet outil créé dans les années 70 par Sharon A. et Gordon H. Bower indique comment formuler une demande assertive en 4 étapes :

• D pour Description factuelle de la situation
• E pour Exprimer son ressenti face à cette situation
• S pour Solution : proposer une solution réaliste.
• C pour Conclusion : présenter les conséquences positives pour chacun 

Cette méthode permet de mettre ses propres émotions à distance et de responsabiliser l’autre. Camille insiste sur un point : « n’hésite pas à différer un échange compliqué afin de t’y préparer ». Et si tu dois réagir immédiatement, elle te recommande les simples techniques de respiration pour réguler ton émotion et réagir de manière plus constructive. Enfin, focalise-toi sur des informations factuelles plutôt que sur des justifications, attache-toi à exprimer ton désaccord sans hostilité, en négociant avec empathie.  

S’affirmer pour gagner en efficacité et en sérénité

Avoir une attitude affirmée, c’est exprimer tes besoins et désirs en respectant ceux de l’autre, écouter et laisser parler, regarder en face, adopter une posture décontractée, avoir un discours clair et précis, chercher des compromis en cas de désaccord. Car oser dire ce qu’on pense avec assurance et bienveillance apporte de la sérénité, pour soi comme dans sa relation à l’autre. L’assertivité te permettra ainsi d’enrichir tes rapports humains, d’être aligné avec toi-même, satisfait d’exprimer tes besoins, mais aussi d’obtenir plus facilement ce que tu souhaites et d’améliorer ton estime personnelle. En résumé, d’être épanoui et performant !

Concluons sur une autre ressource concrète, l’une des propositions de lecture de Camille : « Savoir s’affirmer en toutes circonstances » de Charly Cungi, ouvrage dans lequel tu trouveras une mine de conseils sur des micro-situations.

La communauté EDHEC Alumni est à ta disposition pour échanger ou répondre à tes questions. Pense également à consulter le calendrier des évènements pour participer aux webinaires qui t’intéressent !