Parfois plus de dix candidats passent ensemble un entretien. Une méthode dont il faut connaître toutes les ficelles pour réussir à se démarquer.
Les jeunes diplômés en parlent comme de leur pire cauchemar. Trois paires d'yeux qui vous observent, et des candidats concurrents tout autour de vous. L'entretien de recrutement collectif a de quoi effrayer. Alors mieux vaut s'y préparer et savoir où on met les pieds. Les entreprises y ont en général recours dans deux cas : les recrutements en grand nombre, souvent de jeunes diplômés ou de stagiaires, et les embauches de commerciaux et de consultants. «Souvent organisée avant l'entretien individuel, détaille Tania Gibot, consultante à l'Apec, la rencontre collective permet aux recruteurs de cerner les différentes facettes du comportement des candidats, de les voir évoluer en groupe.»
Avant de se jeter dans la gueule du loup, la première chose à faire est de se renseigner sur le type d'entretien collectif, en passant par exemple un coup de fil au service ressources humaines. «Les grands groupes organisent souvent ce que j'appelle un «bus entretien», où l'objectif est seulement de présenter l'entreprise et le ou les postes à pourvoir», note Gérard Roudaut, directeur de la Maison de l'orientation. Dans ces cas-là, munissez-vous d'un CV et d'une lettre de motivation, et tentez d'en savoir un maximum sur les qualités requises pour le poste. Certains entretiens collectifs organisent une mise en situation concurrentielle. Il s'agit alors d'être meilleur que le voisin (voir encadré). Mais les entretiens les plus courants sont ceux où l'on cherche à faire coopérer les candidats.
C'est le cas chez Unilog Management, qui recrute chaque année 200 consultants et 60 stagiaires via ce type d'entretien. «Les candidats sont reçus par huit, face à trois observateurs, décrit Laurence Dubois, responsable du recrutement. Nous leur donnons un cas pratique à résoudre, par exemple un conflit à gérer au sein de l'entreprise. Ils doivent travailler à plusieurs, tous ensemble ou par petits groupes. Là, ce qui nous intéresse, c'est d'observer la dynamique de groupe, de voir qui prend la parole le premier, comment les candidats communiquent entre eux».
Le plus complexe va alors être de «prendre ses marques, de trouver sa place au sein du groupe», explique Gérard Roudaut. L'erreur que font souvent les jeunes candidats est de vouloir se mettre en avant à tout prix. Quitte à surjouer. «Pour nous, ce comportement est rédhibitoire, lance Laurence Dubois. Aucun candidat ne tient quarante minutes dans la peau d'une autre !». En clair, l'agressivité et le côté «grande gueule» sont à bannir. A l'inverse, le candidat qui ne dit mot et ne fait qu'observer aura du mal à se démarquer : «L'objectif de l'entreprise est d'organiser un échange, une communication ; le candidat muet se met donc hors course».
Reste donc à trouver un savant dosage. Emilie, 26 ans, a passé plusieurs entretiens collectifs, notamment pour BNP Paribas et pour Veolia. Et elle avoue être plutôt à l'aise dans l'exercice. «Pour mieux me positionner, j'observe d'abord attentivement les autres candidats, lors du traditionnel tour de table : je repère l'exubérant, le timide, l'intello. Et je n'hésite pas à prendre des notes sur leur parcours.»
La jeune femme tente ensuite de trouver sa place : «Lorsque le «M. Je-Sais-Tout» fait une erreur, je glisse une phrase pertinente recadrant le débat. J'essaie aussi de faire entrer dans la discussion des candidats plus timides, d'être dans une démarche d'accompagnement plutôt que de concurrence.»
Pour Gérard Roudaut, mieux vaut être «le bon pote, celui qui sait mettre en avant ses qualités sans dévaloriser les autres». Autre paramètre à prendre en compte : vous êtes... dix fois plus observé que lors d'un entretien individuel ! Car, au regard des recruteurs, s'ajoutent ceux des autres candidats. Soignez donc votre style vestimentaire, en «essayant d'être dans la ligne de l'entreprise», conseille Gérard Roudaut. Pensez aussi à éviter certaines postures (croiser les bras, s'asseoir sur le rebord de sa chaise).
Faut-il regarder les observateurs pendant la séance ? La réponse est non. Autant se concentrer entièrement à la mise en situation. Le tout en restant naturel. Facile à dire ! Comment ne pas céder au stress et à la tentation d'en faire trop lorsqu'on se sait «épié» ? «En prenant de la distance», conseille le directeur de la Maison de l'orientation. Mais aussi en se concentrant sur le poste à pourvoir. «Il ne faut pas se dire que tout va se jouer sur vos traits de caractère et votre façon d'être, pense Tania Gibot. Les recruteurs veulent avant tout voir en vous des compétences professionnelles».
Une fois les qualités requises pour le poste repéré, essayez de mettre en avant ces aptitudes, de montrer ce que vous savez faire. Lorsque vous passez la porte de la grande salle de réunion, gardez donc en tête que les observateurs ne sont pas là pour juger l'individu, mais le professionnel.
19 décembre 2005 - Figaro Entreprises

Comments0
Please log in to see or add a comment
Suggested Articles