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Recrutement : la tendance 2006 est à l'optimisme

EDHEC in the press

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01.03.2006

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En ce début d'année 2006, le marché de l'emploi des cadres semble plutôt orienté à la hausse. Si le BTP et la finance sont déjà repartis, d'autres secteurs commencent à redevenir porteurs. Huit experts donnent leur point de vue.

L'EMPLOI est intimement lié à la croissance économique. Fabrice Lacombe (Michael Page) aime à rappeler ce constat. « Si elle dépasse 1,5 point, le marché repart. A 2 points de croissance, on sait que l'emploi est réellement dynami que », précise-t-il. Qu'en sera-t-il cette année ? La reprise entamée fin 2004 s'est confirmée en 2005 et les perspectives se révèlent plus encourageantes en 2006, affirme Fabrice Lacombe. Signe encourageant : toutes les divisions du cabinet Michael Page sont en hausse : informatique, finance d'entreprise, commercial, immobilier. Les domaines hésitants en 2004 ont conforté leur reprise l'année dernière, tels le tertiaire financier, l'audit, le conseil et les cabinets d'expertise. Quant aux cabinets d'avocats, ils ont repris leurs embauches en septembre dernier. Globalement confiant, Fabrice Lacombe émet toutefois une réserve en ce qui concerne l'industrie et, plus spécifiquement, les profils ingénieurs et techniciens. Si la vague des délocalisations est terminée, estime Fabrice Lacombe, « ses effets, les concentrations opérées dans le secteur de la santé par exemple, et une économie peu propice aux investissements industriels suscitent encore quelques interrogations ». Regain d'optimisme D'accord avec son confrère, Bruno Lavaste (RH Partners) note que 2005 a été la confirmation de ce qui commençait à poindre au dernier trimestre 2004, c'est-à-dire une croissance et un regain d'optimisme, avec des postes et des entreprises qui investissent à nouveau. Il déplore cependant une visibilité assez courte et une grande prudence des sociétés. « La tendance est à une prudence optimiste, résume Bruno Lavaste, sans investissements lourds. » L'année 2005 aura néanmoins été un bon cru et annonce des perspectives intéressantes pour 2006. Le secteur du conseil informatique en SSII devrait poursuivre ses recrutements pour répondre aux évolutions techno logiques, nombre de sociétés ont besoin de mettre à jour leur système d'information, notamment dans le secteur public.

Plus généralement, Bruno Lavaste constate que les collectivités locales ou territoriales et les établissements publics recherchent des profils pour assurer leurs nouvelles missions dans le cadre des transferts de compétences jusque-là réservées à l'Etat. « Ce qui signifie des recrutements importants », souligne Bruno Lavaste, qui confirme par ailleurs des demandes en bancassurance, dans l'audit, le conseil et, bien sûr, le BTP. François Sanchez (Groupe FSC Panel) constate une croissance économique plutôt en dents de scie en 2005, beaucoup d'incertitudes et une visibilité peu importante, d'où un marché également en dents de scie. Certains secteurs sortent du lot, concède François Sanchez, notamment dans les services, la banque, l'assurance, l'immobilier et le bâtiment en général. Il observe une activité industrielle effectivement plus molle du fait des regroupements, des délocalisations, d'entreprises qui resserrent leurs effectifs pour opérer des gains de productivité.

Du côté des postes, il constate des renouvellements de cadres confirmés, les hiérarchies intermédiaires étant moins demandées, les débutants toujours pénalisés. Dans une conjoncture qui reste aléatoire, François Sanchez n'exclut pas cette année encore des ruptures d'un trimestre à l'autre, dans les investissements et les recrutements. Pour le premier trimestre, il se dit néanmoins assez optimiste, mais rappelle que les cycles sont de plus en plus courts et qu'il est difficile de planifier au-delà du semestre. Rose-Marie Ponsot (Mercuri Urval) confirme une année 2005 globalement positive, une bonne croissance et se dit relativement optimiste pour 2006. Elle reconnaît les phénomènes de « stop and go » évoqués par son confrère, avec des trimestres qui ne se ressemblent pas d'un mois à l'autre. « Il faudra s'habituer à ces coups d'accélérateur et de frein, reconnaît-elle, qui conduisent à une certaine prudence. » Bonne santé des services Même constat quant à la bonne santé des services, bien qu'elle décèle un rythme d'embauches qui plafonne un peu dans les grands cabinets de conseil et les sociétés de services en informatique. Son cabinet a par ailleurs enregistré des projets en R & D, notamment en microélectronique, souvent liés à des groupes internationaux, et constaté une accélération des besoins dans les fonctions commerciales, avec pour les filiales de groupes étrangers, quelques créations de postes. « L'entreprise décide, par exemple, de développer la distribution en direct au lieu de la sous-traiter, d'où la création de responsables ou de directeurs des ventes », explique Rose-Marie Ponsot. Optimisme donc pour l'année 2006, mais optimisme mesuré.

Beaucoup moins réservé, Eric Bohn (Euro Consulting Partners) se veut franchement optimiste pour l'année qui s'annonce. Très implanté régionalement, son groupe a remarqué une forte progression des postes « middle » et « top » managements en 2005. Plus inédit, il a enregistré des demandes de recrutements de jeunes diplômés. « Il s'agit donc d'une vraie reprise, assure Eric Bohn, et non d'une tendance. » Eric Bohn confirme le redémarrage des SSII, note celui des centres d'appels, le besoin de juniors et de cadres confirmés en banque, finance et audit. En grande distribution, il observe des postes terrain de chefs de secteur, comptes clefs, directeurs régionaux, tandis que davantage de PME-PMI de bonne taille créent des postes de cadres export pour développer l'activité à l'étranger. Au total, Eric Bohn trouve la visibilité assez intéressante : « Dès septembre, nous enregistrions des demandes pour janvier et février 2006 et, fin novembre, nous avions une vingtaine de missions pour le premier trimestre. Preuve que les entreprises ont un peu anticipé », témoigne-t-il. La construction automobile de première et seconde monte, en revanche, lui semble en baisse, tandis que la restauration collective reprend un peu et les postes marketing-vente se montrent plus dynamiques que jamais.

Philippe Cirier (Opteaman) préfère parler d'un marché d'adaptation et, excepté les renouvellements dus aux départs en retraite qui s'accompagnent de redéfinitions de postes, il trouve le marché très peu lisible à long terme et très difficile pour les candidats. « Les exigences des entreprises sont de plus en plus complexes, observe Philippe Cirier, avec des niveaux de compétence pointus ou d'engagement forts. Le candidat doit être très adaptable. » Premières expériences Difficile de raisonner par grands secteurs, estime-t-il encore, préférant relever le passage d'un univers de production à un univers de service et de distribution, dans lequel les fonctions commerciales au sens large ne cessent de monter en puissance. Sur ce créneau, ce sont surtout les premières expériences qui intéressent, affirme-t-il. Alors que, plus modestement, mais sûrement, les fonctions RH repartent sur des profils pointus. « Côté entreprises, le recrutement est tout aussi complexe, assure Philippe Cirier, sur un marché qui affiche, soit pléthore de candidats, soit une pénurie, comme dans l'assurance. » Dans le milieu médical et la santé, il note le manque de profils alliant technique et management. Enfin, il relève des problématiques d'embauche dans le bâtiment et des fermetures de chantiers sur des zones sensibles. Pour Antoine Morgaut (Robert Walters), les recrutements ne se font ni par dépit ni par défaut, mais dans une dynamique de succès et 2005 a été une excellente année. S'il considère 2006 comme encore un peu incertain, le marché lui apparaît néanmoins consistant et il se dit optimiste. « Le volume n'est pour l'instant ni significatif ni euphorique, précise-t-il, mais il est solide, avec des besoins identifiés, provenant entre autre de la pyramide des âges. » Antoine Morgaut se réjouit de la forte dynamique d'expansion des grandes entreprises françaises à l'étranger, qui se traduit par le renforcement de leurs équipes sièges. Un marché consistant donc, mais sans urgence, d'où une friction entre les attentes des candidats et celles des entreprises aux exigences très sélectives.

Le patron en France de Robert Waltersde confirme l'activité soutenue en banque et, plus spécialement, en gestion de fonds et capital investissement. Il souligne la vitalité générale des services. « Les sociétés de conseil, de prestation informatique, y compris les SSII, réembauchent massivement », reconnaît-il. Côté fonctions, la finance et la comptabilité restent très demandées, tandis que les postes informatiques et RH ont profité de 2005, avec une fois encore des décalages entre compétences offertes et recherchées. « Ainsi, beaucoup recherchent des RH, professionnels du droit social et bilingues anglais, cela reste une faiblesse en France », déplore Antoine Morgaut.

Pénurie de candidats dans certains secteurs Globalement d'accord, Tina Ling (Hays) enregistre un marché de l'emploi nettement plus dynamique en 2005 et note la double reprise de l'informatique et de la finance. « Le BTP et l'immobilier continuent à battre des records en matière de recrutement, remarque-t-elle, tandis que la banque et l'assurance demeurent des vecteurs de croissance, particulièrement dans les fonctions commerciales. » Dans le bâtiment, elle note un nombre de mises en chantier toujours très élevé, alors que le secteur travaux publics marque un léger essoufflement, l'activité environnement étant prête à se développer. Revenant sur l'immobilier, Tina Ling souligne de graves pénuries de candidats qui pourraient s'amplifier en 2006. De même, dans la banque et l'assurance, les besoins de profils commerciaux restent soutenus. « Après quelques années difficiles, le marché de la finance et la comptabilité ont de nouveau le vent en poupe, assure Tina Ling, et l'internationalisation des entreprises pousse le marché à offrir des opportunités toujours plus spécifiques, voire techniques. » Dans l'industrie, Tina Ling observe, à volume constant, des offres d'emplois très pointues. En 2006, elle estime que l'informatique devrait être le secteur le plus porteur, RH et juridique continuant à demander davantage de profils bilingues, voire trilingues. Le BTP ayant du mal à trouver les profils qu'il recherche, risque-t-on d'autres pénuries cette année et dans les années à venir ? Eric Bohn constate une réelle difficulté à faire venir des ingénieurs de production diplômés sur des sites un peu excentrés. « Ces postes n'attirent pas les jeunes, regrette-t-il, qui font très souvent un 3ecycle, ISA ou autre, pour basculer vers d'autres métiers. Pourtant, la fonction terrain est intéressante et formatrice. » Rose-Marie Ponsot note une tendance de fond. Elle souligne aussi que les entreprises se concentrent toutes sur les mêmes profils, le même niveau d'expérience, le même type de compétence. « On doit aider les clients à ouvrir les postes, commente-t-elle, à s'intéresser davantage aux qualités personnelles et moins au diplôme. » Antoine Morgaut constate que l'on est à des années-lumière de ce qui se passe dans d'autres pays qui, comme l'Irlande, expérimentent cette pénurie et doivent se montrer très créatifs pour attirer, faire bouger d'un poste à l'autre et conserver les talents. Il estime que les postes techniques en général manquent d'attractivité auprès des jeunes. « On se dirige malheureusement vers une pénurie des talents très en amont », énonce-t-il. Un problème qu'il juge d'autant plus significatif avec l'arrivée du papy-boom.

Pour Fabrice Lacombe, la pénurie s'exerce aussi, voire d'abord sur les profils commerciaux dans la banque et l'assurance. « C'est pourquoi ces acteurs ont ouvert leurs recrutements, constate-t-il, et sont prêts à prendre des candidats issus par exemple de l'informatique et à leur offrir des cycles de formation. » Une démarche qu'il souhaiterait voir se généraliser, alors que le marché est en train de se tendre, que des clients demandent des candidats ayant l'expérience de la fonction et du secteur, s'entêtent, d'où des recrutements qui durent. « Cela participe à une sclérose du marché de l'emploi », déplore Fabrice Lacombe. Eric Bohn remarque que les candidats ne se jettent pas non plus sur le premier poste proposé. « Ils ont une maturité, une réflexion, affirme-t-il. Et cela contribue à tendre le marché. » Il observe par ailleurs des candidats en recherche, qui pour des raisons de mobilité notamment, refuseront un poste pourtant susceptible d'évoluer sur un autre site dans les deux, trois ans. Un phénomène qu'il n'enregistre pas à l'étranger. François Sanchez indique que des entreprises commencent à ouvrir les profils par nécessité, mais que dans l'ensemble, en France, le contexte est encore au court terme, aux besoins immédiats, donc au clonage. « D'où cette pénurie », confie-t-il. Telles les sociétés du bâtiment qui recherchent toutes les mêmes profils de conducteurs de travaux, d'ingénieurs d'études, etc. Quant à la difficulté de pourvoir certains postes en province, il confirme un phénomène très franco-français de non-mobilité. Changement de mentalité Eric Bohn observe néanmoins un changement de mentalité grâce aux cadres internationaux étrangers qui viennent dans les entreprises françaises et influencent une certaine ouverture des profils. Bruno Lavaste reconnaît que la circulation des hommes dans l'espace européen et au-delà va instiller une fluidité, mais apporte un bémol. « Dans les grandes entreprises, on peut se permettre l'ouverture, remarque-t-il. On a des capacités de formation et d'intégration fortes. Les PME, elles, ont besoin de quelqu'un d'opérationnel tout de suite. » Quelles qualités demandées aux candidats et celles-ci ont-elles évolué ? Pour Antoine Morgaut, le goût, le sens et la volonté des responsabilités sont extrêmement recherchés, alors que nombreux sont ceux qui, depuis cinq ou six ans, se sont désolidarisés de l'entreprise. « Nous anticipons un besoin grandissant de « manager » d'ici cinq à dix ans », assure-t-il. Deuxième besoin, la capacité à gérer la tension et le stress, très prégnants dans les entreprises. Eric Bohn estime que les sociétés recherchent un esprit entrepreneurial, des gens proactifs quel que soit le poste, avec, dans le même temps, le sens du reporting, du travail en équipe et de l'adaptabilité. « Le candidat, lui, veut savoir comment est son manager, comment il sera entraîné par lui, quel sera son degré d'autonomie », poursuit-il. Rose-Marie Ponsot relève toute la contradiction entre la recherche d'un tempérament entrepreneurial, cet engagement de fond et cette capacité à gérer le court terme, à mettre en oeuvre des directives qui changent à 180 degrés. Fabrice Lacombe se dit, lui, inquiet de ce manque de réalisme, car beaucoup demandent des candidats managers brillants, avec du charisme et en même temps un savoir-faire technique de haut niveau. « Où trouver des personnes qui auront toutes ses qualités ? interroge-t-il. Et l'entreprise sera-t-elle capable de les accueillir, de les manager et de les faire évoluer ? »

 

Source : Figaro Entreprises - 2 Janvier 2006

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