Intervention de Noël Amenc, professeur à l'EDHEC sur France Inter sur "Le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée dit-il vrai sur le "plan social" de Renault ?"
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Faux. Déjà parce que ce n'est pas un plan social. Il n'y aura ni licenciements secs, ni guichet de départ. Mais des départs à la retraite non remplacés, et des retraites anticipées.
7.500 suppressions de postes chez Renault, c'est beaucoup : plus de 15 % de l'effectif du deuxième constructeur français. Mais c'est moins que ce que perdent de plus petites entreprises du secteur. "C'est un peu l'arbre qui cache la forêt", explique Denis Ferrand. "Ce sont souvent les pertes d'emplois dans les plus petites entreprises qui viennent irriguer les flux d'entrée à Pôle emploi", poursuit le directeur général de COE-Rexecode.
Le secteur de la fabrication de matériel de transport (automobile, aéronautique, ferroviaire, maritime) a détruit entre 2007 et 2012 près de 50.000 emplois, soit plus de 11 % de ses effectifs (intérim compris). Mais proportionnellement plus dans cette forêt de PME que sont les sous-traitants, que chez les grands constructeurs.
"La France a raté sa poliitique industrielle. Nos industries ne sont pas sur le bon créneau et cela fait très longtemps que ça dure" (Noël Amenc)
D'autres secteurs industriels trinquent encore plus. La transformation du bois par exemple, a perdu en France, en cinq ans, 20 % de ses effectifs. Le plus souvent le plus discrètement du monde, à coups de quelques licenciements par ci et quelques-uns par là.
Rien qu'entre 2009 et 2011, l'industrie française a détruit au total 100.000 emplois et fermé 900 usines : "La France a raté sa politique industrielle", explique le chercheur Noël Amenc. "Nos industries ne sont pas sur les bons créneaux et cela fait très longtemps que ça dure", poursuit-il. "Nous avons raté la révolution de l'électronique grand public et surtout celle des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Les politiques de filières industrielles ont souvent été une manière de concentrer des subventions sur de grands groupe, au détriment des PME. Or, ce qu'il manque en France, c'est ce qu'il y a en Allemagne : 500 entreprises de taille moyenne, leaders dans des secteurs où la qualité, l'innovation, comptent plus que le prix", conclut Noël Amenc, professeur de finance à l'EDHEC.
Mal positionnées, et depuis longtemps, l'industrie française subit de plein fouet une double compétitivité : celle de l'offre, venant de pays comme l'Allemagne, et celle du prix, venant de pays à bas coûts. Conséquence : nos entreprises ont une création de valeur ajoutée trop faible, quelque soit le secteur d'activité. Et elles ne peuvent donc pas redistribuer ce qu'elles ne réussissent pas à créer.
Source : France Inter - 17 janvier 2013 - par Yves Jallais
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