Portrait d'entrepreneure : Clara Madeleine Tournay (BBA 2018), artiste abstrait-contemporain
Qui es-tu ?
Je suis Clara Madeleine Tournay, artiste abstrait-contemporain, basée à Paris et je suis diplômée de l’EDHEC International BBA (promo 2018) en spécialité Finance internationale. Après 6 mois de stage de fin d’étude au sein du groupe EY en conseil, j’ai souhaité poursuivre ma formation avec le programme stratégie d’entreprise de l’ESCP Europe. Puis j’ai rejoint l’entreprise onepoint, en tant que consultante en stratégie d’entreprise.
Après 3 ans, j'ai finalement décidé de tout arrêter pour me consacrer à ma passion : l’art.
Peux-tu nous expliquer en quelques mots comment est né ton projet ?
J’ai toujours été attirée par les formations artistiques, le travail du bois, de l’argile, le textile et la céramique. Pendant 10 ans et en parallèle de mes études de commerce, j’ai suivi des cours de sculptures et céramiques. Fascinée par les craquelures colorées de l’émail, je me suis orientée vers l’art abstrait, pour documenter les relations qui existent entre les couleurs et ses perceptions du monde.
Lors du premier confinement en mars 2020, j’ai retrouvé ma passion : la peinture. J’ai pu améliorer mes techniques et partager mon travail sur les réseaux sociaux. J’ai réalisé ma première vente sur Instagram en mai 2020 et j’ai décidé vivre de ma passion.
Raconte-nous ton art
Je suis une artiste peintre abstrait-contemporain, basée à Paris, qui par mon auto-apprentissage souhaite représenter un instant de vie dans un tableau. À travers l’introspection de mes émotions et ma vision des expressions du monde, j’invite le public à vivre une expérience émotionnelle dans chacune de mes œuvres.
Je me suis spécialisée dans l'expressionnisme abstrait et je m’inspire de l'impressionnisme. La combinaison des techniques de « pouring », « action painting », « peinture soufflée » juxtaposée aux nuances de couleurs permettent de donner un rythme hypnotique aux toiles.
Je travaille seule, et je compare souvent ma vie d’artiste à une vie d’auto-entrepreneur. Je gère une entreprise, et j’essaye de la faire grandir.
Je suis persuadée que l'art permet aux êtres humains de voyager avec leur esprit et leur imagination. Je suis convaincue que l’art peut modifier la perception que nous avons du monde et de la vie, rendre les gens heureux, tristes, donner de l'énergie ou l'envie d'inventer une histoire et même d’être à l'origine de rencontres.
Comment se passe la création d’une collection ?
Avant de commencer une œuvre, je réfléchis au message que je souhaite faire passer. Une fois que j'ai mon message, je vais chercher des sources d'inspirations, je travaille alors sur mon carnet d'essais et je réalise des assemblages, croquis, nuances de couleurs... jusqu'à ce que je finisse avec un moodboard des grandes lignes de ma prochaine collection.
Ensuite je réfléchis aux différentes pièces que je veux réaliser, leur ordre de réalisation, importance. C'est comme un puzzle où à la fin d'une exposition d'une collection entière, on ressort en ayant un message en tête. Chaque pièce doit s'assembler avec sa voisine.
Je laisse ensuite visible la toile dans mon atelier, et si quand je la regarde, j'ai l'impression qu'il manque quelque chose alors je sais que je dois la retravailler. Souvent ça peut durer des mois...
Peux-tu nous expliquer comment tu appliques ton expérience en stratégie d’entreprise à ton métier actuel ? Pourquoi est-ce important d’avoir ce background ?
La voie royale des artistes reste Les Beaux Arts, mais tout le monde n’y a pas accès. Beaucoup de passionnés d’art s’orientent donc vers des études différentes. Pour moi, la solution a été d’intégrer une école de commerce tout en poursuivant, en parallèle, un travail personnel sur le marché de l'art et développement créatif.
Sans toutes les bases apprises en cours, en stage, à l'étranger, en cabinet de conseil, je n'aurais jamais réussi à m'affirmer comme artiste.
L'art reste un marché, un business, où il y a des investisseurs, des agents, des galeries. Le contexte est différent d'un cabinet de conseil, mais sur le fond les problématiques sont les mêmes : comment réussir à vendre mon produit ? Comment réussir à mettre en avant ma marque ? Comment réussir à croître internationalement ?
Je suis artiste, je vends une œuvre d'art, mais au fond, je vends un produit à des acheteurs. Et le constat reste le même : je peux être artiste, car à la fin du mois, j'ai un salaire.
Quel premier bilan tires-tu de cette aventure entrepreneuriale ?
Cela fait aujourd’hui 6 mois que je me suis lancée à temps plein en tant qu’artiste. Quand je fais le bilan des derniers mois, je vois du stress, des moments de faiblesses, de doutes et beaucoup d’échecs.
Mais ce ne sont pas ces moments que je garde en souvenir. Les moments pour lesquels je continue d’être artiste, ce sont ceux où je suis en train d’exposer dans une galerie, où je raconte mon histoire, où je partage ma perception d’une œuvre, où je regarde des personnes se perdre dans ma toile, rire et partager un moment avec quelqu’un. Ce sont ces expériences qui me donnent la force de continuer cette aventure et qui me donnent envie de peindre chaque jour.
Quels conseils peux-tu donner aux jeunes entrepreneurs ?
Se lancer dans le monde artistique (art, cinéma, musique, écriture, etc.), est souvent une décision controversée et peu encouragée, mais le conseil que j’ai reçu un jour et que j’essaye de partager le plus autour de moi est celui-ci : qui ne tente rien, n’a rien. Si vous avez un rêve, où l’envie de lancer un projet qui vous tient à cœur, alors il faut se donner la volonté d’essayer. Vous allez vous réveiller le matin avec des doutes mais souvenez-vous que ce sont ces questionnements qui vous pousseront à aller plus loin. Il faut du courage, des tripes, des efforts pour mener un projet.
J’ai eu de nombreux échanges avec des étudiants voulant se lancer dans le monde artistique. Les questions qu’ils se posent sont généralement similaires et liées à nos mœurs. Nous sommes dans un monde où il y a beaucoup de concurrence, où être artiste a toujours été vu comme un métier difficile. J’aime leur rappeler que nous sommes dans une ère où la puissance des réseaux et la rapidité de l'information peuvent changer la donne.
Les 5 ans d’études supérieures ne sont pas « un temps perdu », elles m’ont permis de me découvrir et d’acquérir le bagage nécessaire pour affronter le milieu artistique d’aujourd’hui. Fonder une entreprise ou se lancer dans l’art sont juste 2 manières différentes de dire « entrepreneur ». Je conseille de prendre le meilleur des études et de lancer son projet dès qu’on se sent prêt. Rien ne presse, mais surtout il faut essayer, se challenger et ne pas regretter de ne pas avoir essayé.
Quelles sont les prochaines étapes de ton entreprise ?
L’année 2022 est l’année où je vais me concentrer sur le développement de la notoriété de mon art via des partenaires : avoir des contrats dans des galeries françaises et européennes, des collaborations sur des produits avec des maisons de hautes coutures, des contrats avec le marché B2B par des architectes, designers, etc. Une grande étape serait d’avoir un agent artistique, un objectif que je souhaite remplir avant mars 2022.
Je souhaite développer la branche « œuvre d’art » et en parallèle construire ma marque studio madeleine de vente de produits dérivés autour de mon art.
As-tu des attentes vis-à-vis de la communauté des alumni ?
Je souhaite utiliser le réseau pour rencontrer des personnes pouvant me partager leurs conseils dans la création d’entreprise, ou dans le monde de l’art. Utiliser le réseau aussi pour partager mon histoire et peut-être inspirer les plus jeunes qui se posent la question : est-ce que ma passion peut devenir mon métier ?
Plus d'informations :
Instagram : @claratournay
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