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Philippe De Kergorlay, EDHEC 1977, entre foi et entrepreneuriat

Interviews

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02/05/2019

Philippe De Kergorlay, EDHEC 1976-77 - « j’ai redoublé » ajoute-t-il - est prêtre à Chelles (77). Il a pour projet la construction de « Sainte Bathilde », une église de 800 places ayant pour but de représenter un cœur de ville.

 

EDHEC Alumni : Parle-nous de ton projet. Comment est-il né ?

Philippe De Kergorlay : Nos 3 églises sont devenues trop petites pour la population pratiquante de Chelles, et les plus récentes ont mal vieilli, car elles ont été construites « à l’économie », il y a 30 ans.

Chelles est une agglomération de 54.000 habitants, répartis sur 15 quartiers disparates. La municipalité désire créer un « cœur de ville », qui donnerait une identité à l’ensemble. Et nous sommes en plein dedans, ce qui crée une convergence entre la commune et l’Eglise.

Enfin, nous sommes installés face aux 3 gares existantes : routière, SNCF et RER, et une quatrième est en construction : celle du Super-métro 16 pour le Grand Paris. Stratégiquement, l’endroit est idéal pour accueillir une population qui passera sans doute à 70.000 habitants dans 5 ou 10 ans.

Notre évêque a donc décidé de faire une grosse opération et j’en suis le curé responsable derrière lui.

Le projet « Ste Bathilde » consiste en une église de 800 places avec un clocher classique de 28 m de haut et un intérieur très original, avec un presbytère où logeront des prêtres, des séminaristes et des étudiants et un immeuble de 3 étages composés d’amphis, de salles de réunion, de catéchisme et d’aumônerie. Enfin, un immeuble de rapport assurera non seulement l’équilibre financier mais aussi générera -à terme- des ressources utiles pour d’autres projets. (Il y a 4 autres gros projets d’église sur le département !). Ce projet dépasse les 8 millions d’euros. Il s’agit d’une construction de qualité pour les générations à venir. L’éphémère, c’est terminé !

Ce projet ne peut pas faire oublier le présent de la paroisse : 4 à 6 messes par dimanche, 260 enfants au catéchisme, 70 jeunes en aumônerie, 100 scouts, 160 baptêmes, 160 enterrements. Il y aussi les œuvres pour les pauvres (1200 secourus chaque année), de multiples fêtes, rencontres, processions, missions paroissiales, pèlerinages, sans compter les écoles catholiques. Il convient donc d’articuler le dynamisme du présent et les projets d’avenir.

 

 

EA : Qu’est-ce qui te motive dans cette aventure entrepreneuriale ? 

PDK : En tant que prêtre catholique, c’est d’abord le motif spirituel : vivre l’Evangile au nom du Christ avec une population jeune, de différentes cultures, langues et traditions. Tout le monde doit trouver sa place en lien avec les autres. La paroisse est une famille.

La prière et la convivialité sont donc les moteurs de nos actions. Nous sommes une communauté de foi, et non pas une entreprise. Il y a 120 bénévoles environ, et l’organisation – nécessaire ! – est d’abord fondée sur une confiance mutuelle et non une hiérarchie.

C’est une aventure à la fois spirituelle et financière dans laquelle nous nous sommes lancés, qui demande de l’enthousiasme, des compétences… et de la persévérance !

Ce n’est pas une aventure individuelle : il fallait mobiliser toute la communauté, et ce n’était pas gagné !!!

L’immobilier urbain est un domaine complexe : il faut passer des accords et faire d’innombrables ajustements avec la municipalité, la région, les services de la préfecture, les architectes, les promoteurs et les propriétaires voisins. Il faut aussi trouver des fonds !

EA : En quoi ton expérience à l’EDHEC ou avec le réseau des diplômés t'a aidé dans la réalisation de ce projet ?

PDK : C’est à l’EDHEC que j’ai trouvé ma vocation de prêtre : je n’oublierai jamais l’école et mes camarades de promo pour cette raison.

Au niveau juridique et financier, la formation EDHEC a été déterminante. Une grande paroisse suppose d’équilibrer le fonctionnement courant, d’établir un budget et un prévisionnel de trésorerie. Des laïcs compétents et actifs s’en chargent mais c’est le curé qui prend les décisions, sous le contrôle de l’évêque et des services du diocèse.

D’autre part, les paroisses ont en charge un patrimoine immobilier, soit comme propriétaire, soit comme affectataires. Je suis responsable d’un ensemble de secteurs autour de Chelles qui représente 160.000 habitants et 26 clochers. Ce patrimoine est considérable mais parfois insuffisant au regard des besoins. Tout cela appelle des investissements et de la maintenance à effectuer. J’ai appris à lire et comparer des devis, et surtout prendre l’avis de personnes compétentes…

 

EA : Quel premier bilan tirer de cette aventure entrepreneuriale ? As-tu des conseils à donner aux EDHEC souhaitant entreprendre eux aussi ?

PDK : Toute entreprise est d’abord une question de foi (dans tous les sens du mot !).

On apprend à faire confiance (sans naïveté).

Enfin, il faut savoir durer sans s’épuiser et c’est peut-être le plus difficile. Je vois tant de personnes menacées par le burn-out! Pour un croyant, le recueillement et la méditation peuvent être des ressources de premier plan.

 

EA : Quelles sont les prochaines étapes de ton entreprise ? 

PDK : Le permis de construire a été déposé en septembre 2018 et on arrive au terme d’un long processus administratif.

On va enfin pouvoir communiquer précisément avec des supports concrets (maquettes, simulations…) et des données économiques fiables.

Il devient alors possible de toucher un public plus large, ainsi que les entreprises pour la collecte des fonds. Dans un premier temps, le diocèse assure le financement mais nous aurons à prendre le relais !

Il faut savoir que ce projet spirituel comporte un volet culturel et patrimonial de premier plan : l’histoire religieuse de Chelles nous a laissées un trésor inestimable de chasses, de reliques, depuis les temps mérovingiens. Nous aurons un lieu dédié à ces merveilles du passé : le sanctuaire Ste Bathilde avec un programme de visites et de pèlerinages.

Le chantier lui-même devrait durer de 18 mois à 2 ans : on espère bien que l’évêque de Meaux, Mgr Nahmias, viendra y célébrer les fêtes de Pâques.

 

 

EA : As-tu des attentes vis-à-vis de la communauté des diplômés de l'EDHEC ?

PDK : Oui bien sûr ! D’abord de la prière de ceux qui sont croyants et de la sympathie de tous les anciens et les étudiants.

Et puis évidemment j’ai besoin de fonds ! Tous les dons sont reçus avec reconnaissance. Je mettrai la liste des noms des donateurs au cœur de la nouvelle église.

D’autre part, il y a maintenant tout un plan de communication à établir bien au-delà de la paroisse. C’est un domaine où je suis moins à l’aise que la gestion financière !

J’ai besoin de conseils et de volontaires pour une cellule « communication », de gens qui y croient plus que comme un simple objet de marketing.

Il y aura lieu d’être bien visible sur les réseaux sociaux, et plus généralement sur la Toile.

 

Dons en ligne catho77.fr http://www.catho77.fr/spip.php?article805

Mon portable : 06 63 01 77 26

Mon mail : philippe2k77@gmail.com

  

Tous les EDHEC et leur famille seront bienvenus à Chelles

 

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