Comment faire grandir ton self-leadership pour être un bon leader ?
Inhérent au management, le self-leadership est une notion à cultiver pour être un leader authentique et efficace, donc plus performant. C’est autour de ce sujet que le Club Leadership et Management EDHEC Alumni (ancien Club RH) a convié Sylvie Deffayet Davrout, lors de son événement en ligne. Sylvie est responsable de la Chaire Leadership Development au sein de l’EDHEC, vouée à réfléchir collectivement à la façon de faire avancer les managers. L’occasion de creuser la question.
Le self-leadership, c’est quoi exactement ?
Si le leadership est la capacité à diriger en développant des relations d’influence pour atteindre un objectif collectif, le self-leadership représente la capacité à s’auto-influencer. Charles Manz a été le premier à utiliser ce terme en 1983, pour définir l’aptitude à s’orienter soi-même et à se motiver pour réaliser ses ambitions. Il s’agit avant tout de se connaître pour identifier ses désirs et parvenir à les concrétiser. En fait, de comprendre ce qu’on fait, pourquoi et comment.
« si tu peux identifier tes propres croyances, tu peux retrouver du pouvoir sur toi-même et donc sur les autres »
Pour Sylvie, « apprendre permet de changer une partie de nos représentations ou de nos croyances sur le monde ». Pas si évident, quand on sait que la « croyance » est la notion la plus ancrée et la plus stable chez un individu. Développer ton propre leadership revient donc à questionner et revisiter tes croyances. Celles-ci interviennent à différents niveaux, notamment dans ta relation de leader avec les autres : l’avis positif ou négatif que tu as sur toi et ta légitimité, ce que tu penses des personnes sur lesquelles tu exerces ton leadership, ta perception de la qualité de tes relations avec les autres… Toutes ces croyances représentent les soubassements de ton leadership.
Les 4 émotions sur lesquelles bâtir ton self-leadership
Colère, peur, tristesse, joie : chacune de ces émotions joue son rôle pour faire progresser ton self-leadership.
1. La colère : une indispensable énergie pour le leader
Une énergie au service de la transformation ; c’est le premier outil du leader. La colère survient souvent lorsqu’un changement est nécessaire ou qu’une valeur chère à tes yeux n’est pas respectée. Il est donc important d’identifier les valeurs qui ne sont pas négociables pour toi : honnêteté, intégrité, loyauté… Contrairement à l’agressivité, la colère peut être saine, car elle permet de s’affirmer, de mettre des limites pour recadrer, réorganiser ; des compétences essentielles pour un leader.
2. La peur : une excellente conseillère
Une énergie pour se protéger et protéger les autres, qui permet d’éviter les comportements à risque. Il revient au leader d’assurer la sécurité physique de ses collaborateurs, de protéger, la performance ou l’image de l’entreprise, un budget, une stratégie, mais aussi sa confiance en lui, sa santé et son bien-être. Contrairement à l’anxiété ou la panique, la peur permet de gérer une situation. Il est donc nécessaire de savoir la cerner, qu’elle relève d’une négociation avec un client, d’un besoin de ressources supplémentaires, etc.
3. La tristesse : oser l’accueillir pour traverser jusqu’à l’autre rive
Une énergie qui se traverse, pour faire le deuil de ce qui se termine et trouver du sens. Elle te connecte à la perte et son irréversibilité. En t’incitant à prendre conscience de ce à quoi tu étais attaché mais qui n’existe plus comme tel, elle permet de te séparer d’une envie, d’un projet, d’une équipe, d’une relation, d’une identité professionnelle… pour accepter la fin de quelque chose et t’ouvrir à la suite. Elle t’aide ainsi à capitaliser sur ton expérience et tes échecs. La tristesse invite aussi à l’empathie, à se soutenir au sein d’une équipe, ce qui est important pour une organisation. Car comme Sylvie le souligne, « aujourd’hui dans les entreprises, ne pas demander d’aide, c’est ne pas être responsable ». Un leader ne peut avoir tous les savoir-faire, mais doit être capable de s’appuyer sur des personnes compétentes.
3. La joie ; à goûter et faire goûter sans modération
Une énergie qui te connecte à ta vitalité ; la joie permet de transmettre, de donner vie et de donner envie. C’est une énergie entrepreneuriale, pour montrer et partager son optimisme, remercier, féliciter, célébrer… Une façon d’incarner ton leadership en t’appuyant sur des valeurs authentiques.
Bien poser la problématique qui te permettra d’avancer
Le self-leadership, c’est donc établir la libre direction pour soi-même, être responsable des objectifs à atteindre et du chemin pour y arriver.
Pour cela, il est fondamental d’identifier un besoin, un enjeu sur lequel tu souhaites progresser en tant que leader ou une difficulté à laquelle tu fais face.
Pour Sylvie Deffayet Davrout, il s’agit ensuite de procéder selon les étapes suivantes, et de les ancrer dans une routine de 10-15 minutes par jour :
- Formule ton enjeu clé sous forme de question ouverte. Par exemple : Comment re-créer de l’engagement au sein de mon équipe à distance pour maintenir des niveaux de collaboration et de performance élevés ?
- Collecte informations et données. Par exemple : Discuter avec chaque membre de l’équipe, lancer un questionnaire, observer les interactions entre membres de l’équipe, partager tes questionnements avec des pairs, lire des idées sur le sujet via des sources multiples.
- Formalise par écrit tes enjeux, sur le mode d’un journal. Écrire ce qui te vient à l'esprit aide à te clarifier en tant que leader, à tenir une conversation honnête avec toi-même.
- Reprends tes notes régulièrement pour les réorganiser et les compléter.
- Partage tes réflexions avec les autres. Confronter ses idées permet de les enrichir et de s’enrichir par la même occasion.
Les meilleurs leaders sont ceux qui parviennent à établir une routine quotidienne, en créant un rendez-vous avec eux-mêmes de 10-15 minutes par jour.
6 conseils pour formuler la question qui te donnera le pouvoir d’agir
- Commence ta question par le mot « comment », afin d’ouvrir sur l’action.
- Inclus un « je » ou un « nous » pour incarner ton leadership et avoir une prise sur la question.
- Emploie un verbe d’action le plus concret possible.
- Évite les concepts ou mots abstraits.
- Précise le contexte et la situation.
- Intègre un « pour » dans ta question car un leader c’est quelqu’un qui VEUT
Faire appel à ton intelligence émotionnelle
L’intelligence émotionnelle est essentielle chez un leader, car en nous éclairant sur ce que nous voulons, les émotions sont des intuitions pour l’action. Pour Sylvie, elles sont « une ressource essentielle du self-leadership », qui appelle au dialogue avec soi. Ainsi, Sylvie t’invite à identifier l’émotion la plus étroitement liée à ta question. Est-ce la colère, correspondant à un besoin de changement ? La peur, traduisant la nécessité de préserver ou protéger quelque chose ? La tristesse, incitant à passer à autre chose ? La joie, levier pour transmettre ou convaincre ? Comprendre ta vraie question est le moyen le plus sûr de trouver par toi-même les meilleures options pour y répondre. Mais veille à formuler une question simple et opérationnelle sinon tu vas rester dans le flou….et l’impuissance…
Le self-leadership est donc un travail continu de développement de soi, exigeant de s’appuyer sur ses émotions et de se poser correctement les bonnes questions.
N’hésite pas à échanger avec le Club Leadership et Management sur la façon de développer ton leadership et ton self-leadership. La communauté EDHEC Alumni se tient à ta disposition et te donne rendez-vous prochainement autour d’autres événements et webinaires, à retrouver sur notre calendrier !
Commentaires0
Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.
Articles suggérés