Benjamin Blanchard (MSc 2016), co-fondateur de la start-up éco-responsable MURFY
Murfy, start-up co-fondée par Benjamin Blanchard (MSc 2016), propose un service de réparation électroménager à domicile hors garantie. L’objectif est de proposer une solution plus rapide, économique et responsable que le rachat d’un appareil neuf.
Pouvez-vous nous expliquer comment est née votre entreprise ?
Tout a commencé lorsque le lave-linge de la colocation de l’un de nos associés est tombé en panne. Nous avons décidé d’essayer de le faire réparer. Quelle aventure ! Les services existants, spécialisés sur la réparation sous garantie, nous proposaient des tarifs exorbitants et des délais de plusieurs semaines. Plutôt bricoleurs, nous avons alors tenté de réparer nous-mêmes. Après plusieurs heures de bataille, nous avons réussi à identifier et changer la pièce défectueuse et ainsi à prolonger la durée de vie de notre appareil (qui fonctionne encore !).
Malgré l’investissement en temps, nous étions fiers de nous. En changeant une pièce qui coûtait moins de 30 euros et qui ne pesait que quelques grammes, nous avons réussi à éviter de jeter un appareil qui représente plus de 60kg de déchets électroniques et qui coute en moyenne 600€.
Marqués par cette expérience, nous avons alors étudié ce marché dans le détail. Ce fut édifiant. Chaque année, en France, 28 millions d’appareils électroménagers tombent en panne mais seulement 5 millions sont réparés. Ce sont ainsi 23 millions de produits qui sont jetés tous les ans pour une masse de déchets électroniques estimée à 920 000 tonnes (source ADEME 2014). Le volume de réparation négligeable s’explique par le manque de clarté et de performance de l’offre des acteurs existants : des coûts incertains ou encore des délais d’intervention trop longs. C'est d'autant plus dommage que 80% des appareils sont intéressants à réparer (le coût de la réparation ne dépasse pas 40% du prix d'un appareil neuf). En plus, les déchets électroménagers ne sont quasiment pas recyclables.
Cette phase de recherche a achevé de nous convaincre : il y avait là une énorme opportunité à saisir. Pour réinstaurer le réflexe de la réparation, il fallait se lancer et mettre en œuvre notre vision : un service de réparation électroménager indépendant avec une expérience client canon !
Quel premier bilan tirez-vous de cette aventure entrepreneuriale ?
Dingue ! En un an, nous sommes passés de 5 fondateurs à 50 salariés, tous hyper engagés. Nous avons réparé plus de 12 000 appareils ce qui représente plus de 720 tonnes de déchets évités. En 2019, nous allons dépasser le premier million d’euros de CA ce qui nous a permis de boucler une levée de fonds cet été. Avec ces fonds nous nous déployons à l’échelle nationale (IDF, Nord, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice) et nous avons lancé un atelier de reconditionnement de machines pour compléter notre offre.
L’entrepreneuriat, c’est un environnement exigeant et stressant mais c’est aussi un énorme accélérateur pour votre apprentissage. Vous disposez d’une liberté d’action que vous ne retrouverez nulle part ailleurs.
Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes entrepreneurs ?
Mon conseil est de ne pas trop réfléchir et de se lancer, surtout si vous sentez que ça vous démange. Ne passez pas trop de temps à affiner votre idée sur le papier, dans un environnement incertain, on apprend en « faisant ». A titre d’exemple, nous sommes allés réparer les 200 premières machines nous-mêmes, directement chez nos clients, en se formant sur le terrain !
Je recommande aussi de ne pas trop écouter son entourage, en particulier au début de l’aventure. Ils vont vous trouver toutes les bonnes raisons qui feraient que votre projet ne peut pas fonctionner. Ils n’en savent rien ! Aucun projet n’est impossible, tout dépend de votre capacité à créer de l’adhésion et à aller chercher des ressources humaines et financières.
Vous êtes diplômé d’un MSc EDHEC, en quoi cette formation vous aide aujourd’hui dans votre parcours d’entrepreneur ?
Pendant mes années à l’EDHEC (je prends un coup de vieux en disant ça…), la formation à l’entrepreneuriat n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui. J’ai donc décidé de faire ma dernière année de formation en échange en Inde. Il y a une profonde culture de la « frugalité ». On vous apprend à vous lancer avec trois fois rien. Je me souviens encore de ce cours où nous devions lancer un « business » avec 200 roupies indiennes (moins de trois euros) et faire le plus de chiffre d’affaires possible en une semaine. C’est exactement cet état d’esprit qui nous a permis faire avancer Murfy et que nous essayons de transmettre à nos équipes.
Avez-vous des attentes vis à vis de la communauté des diplômés de l'EDHEC ?
Réparer plutôt que remplacer ! Si tous les EDHECs adoptaient ce reflexe lorsqu’ils sont confrontés à une panne, en testant notre service, ce serait formidable !
Aussi, pour ceux qui veulent soutenir le projet, nous avons lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme LITA. Le ticket d’entrée minimum est de 100 €. Notre objectif est de réunir 500 000 € pour monter une école de formation pour les réparateurs. Ce beau métier de proximité, au savoir-faire manuel, est malheureusement en déclin. Nous peinons à recruter alors que la demande côté client est forte ! Nous allons proposer une formation accélérée pour se reconvertir en 3 mois et se faire embaucher à l’issue de la formation. Chez Murfy, les réparateurs sont en CDI ! En plus, en investissant chez nous, vous gagnez de l’argent. En effet, nous rémunérons votre investissement chez nous à un taux d’intérêt de 5% par an pendant 3 ans.
Quelles sont les prochaines étapes de votre entreprise ?
En 2020, nous allons continuer notre déploiement national pour proposer notre service au plus grand nombre. Nous couvrons aujourd’hui un peu moins de 10 millions de foyers, nous visons d’en couvrir 20 millions en 2020. Nous allons aussi accélérer le développement de l’offre de reconditionnement pour proposer de la vente directe en ligne.
Plus d’informations :
Site internet: http://www.murfy.fr/
Facebook : https://www.facebook.com/Murfy.fr/
Instagram & Twitter : @murfybeaucoup
Linkedin : Murfy
Crédits Photos : Marion Motel
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