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Entrepreneuriat, Management et Football : le parcours atypique de Fabien Lazare à la tête du FC Versailles

Interviews

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08.25.2024

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Fabien Lazare, EDHEC Master 2012, se distingue par sa capacité à transformer les défis en opportunités. À la tête du FC Versailles, en duo avec Alexandre Mulliez, il s’appuie sur une approche singulière du management avec une vision audacieuse, alliant passion sportive et stratégie d'entreprise. À quelques jours de la reprise d’une saison décisive pour le club, découvrez un parcours où chaque décision compte et où chaque obstacle est une occasion de grandir.

Peux-tu nous parler de tes débuts en tant qu'entrepreneur et de ce qui t’a conduit à te lancer dans ce domaine ?

Fabien Lazare : J'ai grandi à la campagne dans le sud de la France, où j'étais passionné de football depuis le plus jeune âge avec le rêve de devenir professionnel. Mais j'ai rapidement compris que la marche était trop haute et j’ai décidé de changer de cap et de me tourner vers des études commerciales. C’était un secteur qui m’attirait et j’avais, avec ma famille, une fibre entrepreneuriale déjà bien développée. Après une classe préparatoire, j'ai intégré l'EDHEC à Lille, un choix qui a surpris mes amis du sud, mais contre toute attente, ce furent 4 années incroyables. Pendant mes études, j'ai rejoint la Junior Entreprise et en suis devenu le président. C'était une véritable révélation : j'ai pu faire mes premiers pas dans l'entrepreneuriat en gérant près de 300 000 euros de chiffre d'affaires et une équipe de 45 personnes.

Après l'EDHEC, j'ai passé 6 ans chez Carrefour : un stage au contrôle financier du groupe, un VIE en contrôle de gestion en Argentine et un CDI au comité d’investissement du Groupe. Puis, à la fin de cette expérience très formatrice, l'appel de l'entrepreneuriat s'est fait sentir. J'ai alors rejoint l'entreprise familiale, spécialisée dans la production de cerises, pour développer la marque et l’expérience digitale. J'ai ensuite participé à la création d'une structure visant à vendre directement des fruits et légumes haut de gamme en hypermarchés via une vente assistée, avec pour client le groupe Auchan. Le projet a été un succès sur le plan commercial, et j'ai rapidement pris la direction générale de l'entreprise, devenant également co-actionnaire.

C’est à ce moment que tu as rencontré Alexandre Mulliez ?

Exactement. En 2019, j'ai rencontré Alexandre, qui était alors chef de rayon fruits et légumes chez Auchan à Villeneuve d'Ascq. Il a tout de suite été séduit par notre concept de stands en magasin et m'a proposé d'en installer un dans son hypermarché. Par la suite, en 2021, lorsqu'il a pris la direction d'Auchan France, il m'a proposé de candidater au poste de secrétaire général et directeur de cabinet. Initialement, je n'avais pas l'intention de retourner dans un grand groupe, mais sa vision pour redresser Auchan France m'a convaincu. Notre collaboration a été une révélation : nous sommes totalement différents, mais d’une complémentarité rare et nous partagions des valeurs et une vision commune, ce qui a renforcé notre duo.

Que retiens-tu de ton expérience chez Auchan ?

Ce fut une période à la fois excitante et très complexe, j’avais en même temps ma société de fruits et légumes et cette mission pour Auchan. On a vécu une année folle qui nous a fait gagner 20 ans d’expérience d’un coup ! 

En plus des défis habituels de redresser une grande entreprise, nous avons dû faire face à des dissensions internes et à un projet de fusion inattendu entre Auchan et Carrefour. Cette situation a mené à notre départ du groupe de manière assez brutale. Moralement et physiquement, ça a été difficile, d'autant plus qu'Auchan a mis fin à son partenariat avec ma société de fruits et légumes, que j'ai dû liquider en 4 mois, dans des conditions très compliquées. Cependant, ces épreuves ont renforcé notre duo et nous avons décidé de nous lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale ensemble.

Cette aventure, c'est le FC Versailles. Comment s'est passé le rachat du club et quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés ?

En 2023, une opportunité inattendue s'est présentée avec le FC Versailles. Nous étions novices dans le business du sport, mais nous avons décidé de racheter 51% des parts de ce club de troisième division. Un club de foot, c'est très particulier, c’est une structure commerciale (en charge de l’équipe “professionnelle”) liée à une association (en charge des équipes “amateurs”). Quand on a récupéré le FC Versailles, l’asso était top et le potentiel du club énorme notamment via la puissance de la marque. Mais on s’est vite rendu compte de certains déficits dangereux pour le club. Nous avons donc dû très rapidement passer à l’action. Le défi était immense : il fallait restructurer le club, gérer les dettes et redorer son image. Nous avons été obligés de tout rebâtir en un mois : recruter un entraîneur, un directeur sportif, des joueurs, et constituer un staff administratif. Gérer un club de foot, c'est comme gérer une entreprise d'entreprises, avec des verticales aussi diverses que le sport, la création de contenu, le merchandising et les partenariats commerciaux. Les défis financiers et sportifs étaient nombreux, mais nous adorons résoudre les problèmes, car ce sont des opportunités d’amélioration. On avait vécu tellement de moments difficiles et très jeunes en étant à la direction d’Auchan France, cette expérience nous avait appris à gérer des situations beaucoup plus délicates même si effectivement la situation du club était vraiment plus complexe que ce qu'on imaginait. 

Quelles sont vos ambitions pour le FC Versailles ?

Nous ne voyons pas ce club uniquement comme une équipe de football, mais comme une véritable entreprise avec de très beaux atouts. L'objectif à long terme est de faire monter le club dans les divisions supérieures. Mais au-delà des performances sportives, nous cherchons à amener le club à l’équilibre financier le plus rapidement possible et avant transferts. Pour y parvenir, nous devons faire du FC Versailles une marque forte et reconnue notamment auprès de la Gen Z Un club qui fait vibrer les jeunes, les rassemble et les fédère. Nous recrutons d’ailleurs beaucoup de jeunes, car ils sont parfaitement en phase avec notre cible.

Ce projet passe par une structuration solide à tous les niveaux : des recrutements stratégiques, une marque forte, une communauté de fans engagée, un développement commercial robuste avec des partenaires stratégiques qui sont alignés avec nos valeurs et notre vision, et à terme un véritable centre de formation performant. En somme, notre ambition est de créer une structure pérenne avec une identité forte tout en restant fidèles aux valeurs qui nous ont conduits jusqu'ici. Nous savons que le chemin sera long et semé d'embûches, mais nous sommes prêts à relever le défi avec détermination et passion !

L’approche qu’Alexandre et toi avez du management vous tient particulièrement à cœur. Peux-tu nous en dire plus sur votre philosophie "orient & support" ?

Notre vision du management est basée sur l'autonomie, l’apprentissage et la responsabilité. Nous croyons en un modèle "orient & support" inspiré du véritable lean management de Toyota où nous restons proches de nos équipes, tout en leur donnant les outils et les méthodes pour réussir et apprendre. En tant que dirigeants, nous donnons les grandes lignes, la vision et les challenges sur lesquels on attend les personnes. Et on les accompagne pour qu’elles puissent atteindre leurs objectifs en les mettant dans les meilleures conditions et en les aidant quand elles ont des problématiques impossibles à résoudre à leur niveau. L'un des piliers clés pour réussir à mettre en place cette approche est le recrutement : nous voulons des collaborateurs motivés, prêts à toujours apprendre, capables de résoudre les problèmes à la racine, sans sauter trop vite sur des solutions. Cela vaut aussi pour les joueurs !  Nous passons du temps à analyser ensemble les hypothèses, les causes profondes des problèmes, et à prendre du recul pour trouver des solutions pérennes.

Enfin, après avoir vécu des situations délicates et complexes, quelle est ta vision de l'échec dans la vie d'un entrepreneur ?

L'échec fait partie intégrante du parcours entrepreneurial. Ce n’est pas parce qu’on échoue qu’on est nul ou qu’il faut abandonner. Chaque revers est une opportunité d'apprentissage. L'échec doit nous servir à nous relever et à faire mieux la prochaine fois. C'est une chance de progresser et de se renforcer. Il faut aussi savoir assumer ses échecs, ne pas mettre la faute sur d’autres, car à la base ce n’est jamais la faute des personnes. L’erreur vient toujours originellement du dirigeant et du système qu’il construit pour les équipes. Assumer c’est aussi savoir analyser et en tirer des leçons constructives. Je crois fermement en un modèle de management basé sur l'apprentissage continu et le soutien. L'autonomie et la prise de responsabilité sont au cœur de ma vision. Construire, voir les résultats de ce qu'on a créé, et apprendre de chaque étape avec des équipes qui trouvent du sens dans leur travail, c'est ça l'entrepreneuriat pour moi.

Comment la communauté EDHEC Alumni pourrait contribuer au succès du FC Versailles  ?

Nous avons la chance de jouer nos matchs au cœur de Paris au Stade Jean Bouin dans le 16ᵉ arrondissement les vendredis soir en général (19 h 30) donc déjà en venant assister aux matchs ! Nous souhaitons également développer notre communauté de partenaires du club en leur faisant bénéficier de nos offres d’hospitalités et de sponsoring. N’hésitez pas à me contacter sur mon adresse du club fabien.lazare@fcversailles.com et vous pouvez suivre l’actualité du club sur tous nos réseaux (Instagram, Linkedin, X, TikTok) sur lesquels nous sommes très présents !

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