D'ici trois à cinq ans l'emploi sera reparti, et L'Etudiant voit monter en régime les métiers du social et des services aux particuliers, portés par le vieillissement de la population. Du reste, l'appel d'air professionnel qui va se faire sentir est lui-même lié au départ en retraite d'une génération, sachant qu'entretemps la morphologie des postes à pourvoir aura évolué. Tristan Klein (Centre d'analyse stratégique) est responsable de l'enquête 'Les métiers en 2020', dont les résultats seront publiés à la fin de l'année : « Nous sommes à un tournant historique avec un changement démographique qui va bénéficier aux jeunes diplômés. L'effet attendu est massif : une personne en activité sur trois quittera son poste d'ici à 2020, alors que le nombre de jeunes qui entrent sur le marché du travail est stabilisé. » Selon M. Klein, les besoins de cadres seront très importants et les profils recherchés, majoritairement (très) qualifiés. « Il faut s'attendre à une réorganisation des métiers, avec une importance toujours plus grande donnée aux compétences multiples. » L'industrie, qui ne survivra que grâce à l'innovation, aura impérativement besoin d'ingénieurs et de techniciens. Toutefois, le plus gros recruteur restera le tertiaire en 2015, la gestion administrative, financière et comptable en tête. Louis Guastavino (cabinet Page Personnel) en veut déjà pour preuve la banque-assurance : « Les jeunes diplômés sont recrutés sur des fonctions commerciales, sont formés sur les produits pendant trois ou quatre ans, puis évoluent vers des fonctions de siège, tel le marketing, ou vers des postes de manager de commerciaux ». Concernant l'informatique, où les embauches semblent déjà reparties, Marie-Laure Windal (Syntec informatique) en juge les perspectives encore illisibles à long terme, mais elle estime que « les professionnels formés aux nouvelles technologies, au Web 2.0, au java, tout comme les ingénieurs commerciaux, ne devraient pas souffrir de la crise ». Non seulement le niveau de qualification sera de plus en plus élevé, mais il est déjà recommandé aux jeunes diplômés de s'attendre à exercer plusieurs fonctions dans la même branche, une fatalité migratoire qui s'exercera partout et à tous les niveaux, y compris dans l'enceinte de la même entreprise. Jean-Paul Hautier (Arts et Métiers ParisTech) : « La spécialisation, c'est fini. Les ingénieurs vont se retrouver en position de force parce que ce sont des hommes et des femmes de systèmes qui savent gérer la complexité et l'approche pluridisciplinaire. »
(L’Etudiant, p10-18, E.V., mai 2010)
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