Les secrets d'une bonne «image employeur»

La mode est au marketing des ressources humaines.

Comme le Crédit lyonnais (LCL), Casino jongle avec les chats - ces échanges informels mettant en contact en temps réel candidats et responsables de l'enseigne -, mais aussi les « corner » emplois, réels, en libre-service. Et le DRH de Casino s'affiche sur un blog. Le temps, parfois assombri de tensions, est au marketing des ressources humaines. D'où la nécessaire construction d'une innovante image employeur, qui passe notamment par les outils de recrutement. Pour se différencier, Pinault-Printemps-Redoute (PPR) de mettre sa plaquette métiers sur des milliers de clés USB, offerte aux jeunes sur les forums.

A défaut d'avoir dissuadé ses candidats, en majorité bac + 5, d'envoyer des CV papier, Ernst & Young, qui ne reçoit que la moitié des 38 000 candidatures annuelles en ligne, rêve que les étudiants approchés sur les forums de recrutement viennent, justement, dans le futur, munis d'une clé USB pour télécharger leurs CV. En attendant, Ernst & Young surfe sur la vague du « marketing viral », un bouche-à-oreille via le Web, popularisé par le lancement ainsi orchestré du film Brice de Nice. Les participants inventent des néologismes du style « éconovie, créanovant, etc. » et convient leurs amis au jeu. Des affiches en font écho dans le métro.

Elargir son audience L'Oréal a élargi cette année l'audience de son business game, e-strat challenge : tous les inscrits, entrés dans une communauté de gamers, participent, avant que 4 500 jeunes en licence ou MBA soient retenus pour poursuivre leur projet de création d'une entreprise. Pendant ce jeu, L'Oréal guette les talents, confie Jean-Claude Le Grand, directeur corporate du recrutement.

Une soirée lounge dating pour recruter ? Le groupe Micropole Univers, qui vend du conseil et de l'ingénierie en business intelligence et e-business, va tester. Il retrouve depuis un an des couleurs côté recrutement. Il a recruté 150 nouveaux ingénieurs et consultants l'an dernier et met les bouchées presque doubles en 2006. « Nous visons 250 embauches, confirme Nathalie Choux, DRH du groupe. Pour que les recrutés soient vite opérationnels, il fallait lancer tôt dans l'année le processus, d'où une soirée recrutement, en ce début d'année, joignant le besoin à la communication, l'utile, à l'agréable. » Jazz à gogo et bars à carrières La société de Nathalie Choux invite les candidats à une « soirée lounge dating », au Réservoir, lieu mythique qui a vu débuter bien des nouveaux talents... Après avoir écouté des salariés, les invités, sélectionnés via des miniprofils remplis sur le site Web, décompresseront en écoutant le groupe jazzy Jefferson. « Avant de partir, les invités pourront discuter et fixer, avec nous, une date pour un plus conventionnel entretien d'embauche », précise la DRH. Chez Sephora, Frédérique Chemaly, responsable du développement des RH, compte sur les chats, « francs et directs » et goûtera peut-être les offres par SMS, en cas de pics d'activité. Après les « bars à sourires », « corners » beauté des lèvres en magasins, des « bars à carrières », « corners » emploi, devraient séduire les clientes, juste à côté. Entre électronique, musique et cosmétique, les armes des chasseurs de talents n'ont pas fini de s'affûter futé.

Le Figaro Entreprises 23/1/2006