DIRECTEUR SUPPLY CHAIN : Le pilote des flux de l'entreprise
«Je m'implique dans l'amélioration de tous les flux administratifs, physiques et d'information, pour coller au plus près de la demande en réduisant les coûts de la chaîne.» Dario Aimaro, directeur supply chain de Ferrero France.
Son CV Maîtrise d'économie d'entreprise (université de Turin, 1970). 1972 à 1976 : contrôleur de gestion chez Honeywell. De1976 à 1979 : responsable du contrôle de gestion Toro Assurance. De1979 à 1989 : directeur contrôle de gestion, import export et administration clients chez Honeywell. De1989 à 1992 : directeur contrôle de gestion et logistique chez Bull. De1992 à 1999 : directeur informatique et logistique chez Ferrero France. Depuis 2000 : directeur économique et supply chain. CARRIÈRE Cette nouvelle fonction vedette s'assure de l'acheminement des marchandises, de la fabrication aux rayons. Il arbitre entre qualité de service et réduction des coûts. Sur la cote des professions en vogue, la supply chain talonne les acheteurs et les hommes du marketing. Le métier revient de loin. Pensez donc: jusqu'à l'an 2000, il se cantonnait à la gestion du transport des produits.Aujourd'hui, la supply chain, ou chaîne logistique étendue, s'est transformée en gestion globale des flux de marchandises, depuis la fabrication des produits jusqu'à leur mise en rayons. Son territoire s'est élargi et touche tous les points sensibles de l'entreprise. «Au fur et à mesure que la collaboration se renforce entre distributeurs et industriels, la supply chain intègre les flux informatiques et administratifs, ainsi que les relations avec les clients en aval et nos fournisseurs en amont», indique Dario Aimaro, directeur supply chain de Ferrero France. Réduire au maximum les coûts de distribution La logistique étendue est devenue le principal levier de gain de productivité, d'amélioration du service et de réduction des coûts. Avec la loi Dutreil qui accentue la pression sur les marges des distributeurs, donc des industriels, tous les schémas logistiques sont étudiés. Un éventail de possibilités aussi variable, en fait, que le périmètre de ce métier, différent chez un industriel ou dans une enseigne. L'horizon est commun: «maintenir sous pression les coûts de distribution», note Vincent Fontaine, directeur supply chain France de Castorama. Pour cela, le logisticien doit gérer la complexité de manière simple, aidé de systèmes d'information sophistiqués (progiciels de commandes, prévisions de la demande, gestion des entrepôts), avec des contraintes qui s'accentuent: coût du pétrole, arbitrage entre qualité du service et réalités économiques d'une rentabilité qui fond. On distingue alors deux fonctions bien différentes chez les distributeurs et les industriels d'une certaine importance... deux métiers qui se fondent en un dans les PME: le directeur supply chain,et le directeur logistique opérationnel. Ce dernier «présente des qualités d'organisateur, capable de convaincre et d'entraîner», selon Alain Rocquefelte, directeur général de Système U Ouest et ancien directeur logistique. Le responsable supply chain y ajoute une dimension plus stratégique. «J'anticipe sur les filières d'approvisionnement et les prévisions de flux, précise Vincent Fontaine. J'analyse les flux, de manière globale, en lien avec d'autres responsables de l'entreprise de même niveau.» Il intervient en amont pour définir les différentes chaînes de flux; un équilibre délicat à tenir entre le sourcing lointain, européen, voire local dans le bricolage et l'équipement de la maison.Ce n'est pas un vain mot chez Conforama. «80% de nos clients repartent avec leurs achats. Le taux de disponibilité des articles en magasins doit donc être excellent», explique Philippe Blommaers, directeur supply chain du groupe. Cela impose un redimensionnement permanent des flux. «Il faut composer avec des systèmes de sourcing de plus en plus lents et en même temps il faut réagir très vite», ajoute-t-il. Le poids de la mauvaise décision est d'autant plus lourd. Un pilotage fin et pragmatique Fort de ces nouvelles attributions, le patron de la supply chain fait partie intégrante des comités de direction et travaille en ligne directe avec la direction générale. Il crée en fait sa fonction par rapport à la confiance que celle-ci lui accorde, et traduit la stratégie commerciale de l'entreprise dans le mouvement. En effet, si les schémas de flux dans la distribution courent sur trois ans, ils s'adaptent chaque année. «Il faut être capable d'accélérer certains paramètres comme le transport», détaille Vincent Fontaine. «On a très peu de visibilité », reconnaît un directeur supply chain d'une chaîne alimentaire. « Je n'ai fait que gérer du changement dans des circonstances différentes», commente Alain Rocquefelte. Dans ces conditions, un pilotage fin et pragmatique est de rigueur. Au premier rang des qualités exigées, l'expérience: «il doit avoir plus de métier que de bon sens», poursuit-il. La fonction, accessible aux diplômés de haut niveau (bac+5), est donc souvent précédée d'une période de formation sur le terrain. Auchan a ainsi développé un système de vivier en confiant des petits comptes d'exploitation aux salariés sélectionnés pendant un ou deux ans. «Pour ce métier, je préfère un homme de management que je formerai à la technique à un technicien logistique », appuie Alain Rocquefelte. Les cadres de la distribution ayant une compétence en marchandises (définition d'assortiment, supervision de la politique non alimentaire) sont appréciés. Encore jeune, le métier grandit au rythmede l'évolution professionnelle de ceux qui l'exercent. Une des pistes possibles: se spécialiser encore davantage. La majorité des directeurs supply chain qui ont changé de fonction ont migré vers des sociétés logistiques ou de services, voire vers des fonctions de direction générale. En bons spécialistes du changement permanent qu'ils sont devenus. JEAN-BERNARD GALLOIS L'ESSENTIEL DE LA FONCTION Les formations > Formation universitaire supérieure, école de commerce ou d'ingénieurs, complétée par un 3e cycle type Isli ou Esap. > Une vingtaine de formation avec l'AFT-Iftim dont une maîtrise de transport et logistique. > Une cinquantaine de formations logistiques de niveau bac + 5 en plus des DESS. > Des mastères spécialisés (bac+6 ) à l'Isli, l'IML ou l'Essec. Ses missions > Analyser les processus dans tous les services lors des étapes de production et de livraison. > Définir la politique transport du groupe entre les sites de production et de stockage et les enseignes clientes. > Gérer les relations avec les transporteurs, modifier et négocier les contrats de sous-traitance. > Gérer les stocks de produits finis, matières premières et consommables (chez l'industriel). > Travailler en étroite collaboration avec les achats pour qu'ils intègrent les contraintes logistiques dans leurs négociations fournisseurs. > Accompagner le développement et l'évolution du système d'organisation informatique. Ses qualités > La réactivité, pour pouvoir adapter très vite les flux aux conditions du marché. > Des fortes capacités d'analyse et de synthèse : il doit avoir une vision globale de l'entreprise. > Avoir le goût des négociations et être homme de compromis. > Une bonne maîtrise de l'anglais et d'une deuxième langue étrangère : ce métier est international par nature. Son salaire > Autour de 60 000 € pour un directeur supply chain de 30 à 40 ans dans une entreprise au CA inférieur à 150 M €. > Plus de 100 000 € pour un directeur ayant plus de 40 ans dans une entreprise dont l'activité dépasse les 750 M €. > Les salaires sont souvent inférieurs de 20% en province à ceux de la région parisienne.

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