Aujourd’hui, c’est la crise, mais demain ? Où en sera le secteur de la communication quand vous arriverez sur le marché du travail ? L’avis de professionnelles et de responsables de formation.
"Les métiers liés à la communication sur papier sont en perte de vitesse".
Frédérique Cartalas, responsable emploi chez TBWA France (agence de communication)
"Nos métiers évoluent très vite, il n’est donc pas facile de savoir quels sont ceux qui recruteront encore dans 5 ans – en revanche nous pouvons conseiller aux jeunes intéressés par ce secteur d’éviter les métiers en perte de vitesse liés à la communication classique, sur papier, à savoir les métiers de la fabrication, de l’exécution, et de l’impression".
Côté formation : "La première chose à retenir est qu’on ne peut plus se former "sur le tas". Certaines formations sont évidemment plus cotées que d’autres. Je pense au Celsa, au master Marketing et communication des entreprises de Paris 2, mais aussi aux filières communication des ESC comme Grenoble ou Toulouse. Les jeunes titulaires d’un BTS spécialisé ou d’un diplôme d’une école de communication à bac+2 ou 3 auront intérêt à continuer leurs études s’ils souhaitent travailler dans de grosses agences et conseiller des clients importants. Du côté du web, il y a des formations intéressantes aux Gobelins, et à Paris 8, entre autres".
"L’audiovisuel va prendre de plus en plus de place dans la communication de nos clients"
Brigitte Fournier, directrice de l’agence de communication Noir sur blanc
"Il y a déjà de moins en moins de communiqués de presse classiques, les pros de demain devront être capable de créer des communiqués plus interactifs, avec des liens, des vidéos, des podcast, etc. Les actions de communication prennent une dimension de plus en plus événementielle : il faut donc être capable de structurer son message autrement, de raconter une histoire, de savoir la mettre en scène. Nous allons aussi avoir besoin de professionnels de l’audiovisuel sachant traduire des projets de communication sur des supports audiovisuels, capable d’imaginer un scénario et d’écrire un story-board".
Côté formation : "Dans mon agence, les derniers jeunes diplômés recrutés à des postes de consultant relations presse avaient tous un bac +5. C’est d’après moi le niveau minimum pour avoir la culture générale et la connaissance de l’actualité nécessaire à l’exercice de ce métier. Je ne recrute pas des bac+3 car je pense qu’il leur manque la maturité nécessaire à l’élaboration d’une réflexion stratégique. Les formations susceptibles de m’intéresser sont variées : master de lettres, de communication ou de marketing, sciences po, écoles de commerce, etc."
"Les formations en alternance sont de plus en plus recherchées par les recruteurs"
Leslie Occansey, juriste, chargée des affaires sociales à l’AACC (Association des agences conseils en communication)
"Aujourd’hui, avec la crise, les agences sont dans l’attente et ont gelé leurs recrutements… Mais sans prendre de risque on peut dire que dans les prochaines années les métiers liés au multimédia au sens large seront les plus recherchés : consultants web, web designers, créateurs de site, expert du web, chef de projet web, graphiste web, etc."
Côté formation : "L’université propose des formations dans les domaines du marketing et de la communication qui intéressent les recruteurs, car ce sont des formations au champ assez large qui permettent aussi bien de travailler dans une agence que chez un annonceur. Les BTS Communication des entreprises marchent aussi très bien, mais plutôt si on vise un poste d’assistant commercial. Les jeunes qui souhaitent devenir chef de pub ou chargé d’études viseront plutôt un bac+4 ou un bac+5. Il faut aussi noter que les formations en alternance commencent à décoller dans notre secteur, et notamment les contrats de professionnalisation".
"Pour élargir la palette des métiers auxquels on peut prétendre mieux viser un bac+5".
Valérie Patrin-Leclercq, responsable du diplôme Communication, médias et médiatisation au CELSA
"Je suis incapable de vous dire quels seront les métiers qui recruteront le plus demain, car certains d’entre eux n’existent peut-être pas encore… C’est pourquoi nous formons nos étudiants à de pratiques émergentes : la communication dans les jeux vidéos ou via la téléphonie mobile, par exemple. Mais on sait déjà que toutes les fonctions liées au référencement, à la veille, au buzz, à la gestion de l’image sur internet sont de plus en plus recherchées".
Côté formation : "Les jeunes qui visent ce secteur doivent comprendre qu’il leur faut une vraie formation ; on en peut plus se contenter de "bidouiller" des projets interactifs alors qu’en face les clients sont de plus en plus au point au niveau informatique. Un bac+2 pourra permette de trouver du travail mais pour passer au dessus du statut d’exécutant mieux vaut avoir un bac+5".
"Deux incontournables : la maîtrise de l’anglais, et une bonne culture générale".
Elisabeth Laugery, responsable des relations entreprises des stages et de l’international de l’ISCOM
"Pour comprendre comment va évoluer notre secteur, il faut prendre en compte deux aspects essentiels : la transversalité des nouvelles technologies, qui se retrouvent maintenant dans la plupart des actions de communication, et l’émergence de nouveaux canaux de distribution comme le téléphone mobile. Il n’y aura pas de nouveaux métiers, mais des métiers qui vont évoluer. Par exemple, les chefs de pubs ou les chefs de projets devront maîtriser l’outil internet et la PAO. Progressivement nous allons abandonner le support papier, et le contact avec la cible passera par les réseaux sociaux".
Côté formation : "Au delà des diplômes, travailler dans la communication suppose d’avoir une bonne culture générale et un bon niveau en anglais. Il y a déjà une demande très forte chez les recruteurs qui attendent des jeunes diplômés qu’ils puissent évoluer sans difficulté à l’échelle internationale. Les diplômes de niveau bac+2 amèneront plutôt à faire des tâches d’exécution ; les jeunes qui veulent participer à l’élaboration d’une stratégie de communication doivent plutôt viser un bac+5".
Propos recueillis par Sandrine Chesnel
Cadresonline 05 01 10
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