Climat mitigé pour les profils financiers

Les fonctions financières doivent faire face à un environnement mi-figue mi-raisin. On observe certes une demande pour les postes d'experts, comme les «credit manager» pour leur rôle de consultant interne, les responsables ERP finance pour leur profil métier et leurs compétences en progiciels intégrés, et les contrôleurs internes en raison du développement des normes comptables.

Mais l'heure n'est pas à l'euphorie, les entreprises préférant le plus souvent se tourner vers l'interne pour pourvoir un poste. Ainsi, la demande de profils généralistes, comme directeur financier, n'est pas au rendez-vous.

Seules les PME-PMI réclament ce genre de profils, mais elles doivent faire face au manque de mobilité des candidats. «Ils ne souhaitent pas s'installer dans des lieux un peu reculés», indique ainsi un recruteur, même s'il existe de belles opportunités dans les petites structures.

Même constat pour les postes comptables, les cabinets de recrutement déplorant en outre une tendance à l'externalisation et des difficultés d'évolution dans ces métiers. Au niveau international, les contrôleurs de gestion sont à l'inverse très demandés : «Il existe des opportunités intéressantes dans les pays européens pour un contrôleur financier, un jeune DAF ou un patron de filiale de formation financière», témoigne Eric Bohn, chez Euro Consulting Partners. «Parent pauvre de la finance, la comptabilité est pourtant LA base indispensable en finance», souligne Wilhelm Laligant chez Advancers Executive. A cet égard, certains cabinets de recrutement observent une reprise marquée pour les postes de chefs comptables. Outre les profils techniques, le monde de la finance prospecte de plus en plus les candidats dotés de bonnes compétences relationnelles, voire personnelles, avec notamment une bonne connaissance de l'anglais. Autre tendance, la reprise assez forte des embauches dans les cabinets de conseil, même s'il pourrait s'agir, après des années de morosité, d'un marché de remplacement. Du côté des candidats, les cabinets notent une certaine passivité et un manque de mobilité, devant des perspectives de carrière souvent bien floues. «Nous avons du mal à distinguer le candidat en réelle recherche active, en rupture avec sa société de celui qui vient pour voir et qui, au dernier moment, se relancera en interne», indique Yves Renaud chez Michael Page. Il tempère par ailleurs les opinions de ses confrères sur la faible mobilité des financiers : «Concernant les cadres, la mobilité est plutôt bonne, car les personnes issues de la province se montrent très contentes d'y retourner».

(Le Figaro Entreprises, Matthieu Picard, p14-16, 27/06)