Cadres : les embauches de jeunes diplômés divisées par deux cette année
L'Apec a présenté, hier, de nouvelles prévisions d'évolution de l'emploi des cadres pour cette année. Le nombre d'embauches chuterait de 27 %. Quasiment tous les secteurs sont touchés. Il n'y aurait que 20.000 embauches de jeunes diplômés contre 45.000 en 2008. Les cadres paient aussi un lourd tribut à la crise. L'Association pour l'emploi des cadres a révisé à la baisse sa prévision d'évolution des embauches pour 2009, publiée en février dernier. Elles devraient chuter non pas de 17 %, comme envisagé, mais de 27 %. Une pente jamais vue. C'est le double de la diminution qui avait été enregistrée en moyenne chaque année lors des deux précédentes crises de l'emploi des cadres, entre 1990 et 1993 et en 2002-2003. S'ensuivrait, en 2010, une quasi-stagnation des recrutements et il faudrait attendre 2013 avant de constater une véritable reprise. Cette situation, que le nouveau président de l'Apec, Eric Verhaeghe, directeur des affaires sociales de la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), juge « préoccupante », résulte du cumul de la dégradation brutale de la conjoncture avec l'hypothèse d'une baisse nette et durable du nombre de départs à la retraite de cadres en poste, basée sur les prévisions de la Commission européenne jusqu'en 2010.
Santé, social, culturePessimiste, le scénario n'est cependant pas totalement négatif. En 2009, le volume des embauches serait de 145.000. Cela reste un niveau annuel important, deux fois plus élevé que celui observé au début des années 1990 et équivalent aux embauches réalisées il y a cinq ans. Il est vrai que l'année 2008 avait été record.
Mais la tendance n'en est pas moins inquiétante. Les offres d'emploi de cadres sont en baisse de 31 % et seulement 36 % des entreprises avaient l'intention d'embaucher à la fin d'avril, le point le plus bas depuis l'existence du baromètre. 15 % des recrutements lancés seraient en outre abandonnés avant d'avoir été pourvus, ce qui est aussi un très mauvais signal. Le pessimisme est largement partagé entre les différents secteurs. Au début des années 2000, la construction, les professions commerciales et le tertiaire avaient été épargnés. Cette année, seul le secteur santé, social, culture verra son nombre d'offres d'emploi progresser. Si les offres diminuent, le secteur de l'énergie ainsi que l'assurance et la banque de détail continueront aussi à recruter en net. Le nombre de chômeurs chez les cadres a progressé de 24 % sur les douze derniers mois.
Programme spécifiqueLa plus mauvaise nouvelle concerne les jeunes. Les statistiques du chômage confirment chaque mois qu'ils sont particulièrement touchés. L'Apec ajoute à ce constat le fait que le diplôme ne les protège pas. Elle redoute une chute des recrutements de jeunes diplômés (licence au minimum et moins d'un an d'expérience) de près de 45 %. Il y en aurait 20.000 dans l'année contre 45.000 en 2008. Les profils les plus cotés risquent fort de ne pas être épargnés. Les jeunes diplômés issus des banlieues, déjà pénalisés en période de croissance, sont particulièrement touchés : leur taux de chômage a progressé plus que celui des non-qualifiés. L'Apec va donc lancer un programme spécifique (l'association va aller à leur rencontre pour les aider). Si les entreprises boudent les jeunes, elles recherchent de plus en plus de personnes ayant de dix à vingt ans d'expérience : c'est le cas de 48 % d'entre elles contre 20 % seulement il y a un an. Source : Les Echos
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