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Président du Syntec Recrutement (*), et directeur général associé chez François Sanchez Consultants, Jean-François Roquet fait le point sur le secteur du conseil en recrutement et sur le métier de chasseur de têtes. Un métier qui évolue au rythme de la conjoncture, mais aussi des progrès technologiques.
Comment se porte le métier de chasseur de têtes ? Jean-François Roquet. Notre activité est directement touchée par la conjoncture, en ce moment un peu tiède. Les politiques de recrutement restent peu dynamiques, et rarement anticipées. Depuis quelques mois, cela semble cependant aller un peu mieux. Mais il est difficile de dégager une tendance. Les fluctuations portent sur de petits volumes, ce qui peut donner l'impression que l'activité repart au niveau d'un cabinet, mais ne permet pas d'apporter de conclusions générales pour le secteur. Quoiqu'il en soit, l'existence et l'utilité du métier ne sont absolument pas remises en cause. Le marché des chasseurs de têtes et des cabinets de recrutement représente en France un chiffre d'affaires de 450 millions d'euros environ. 20 % de l'ensemble des embauches résultent du travail des cabinets de chasse et de recrutement.
Pour quels recrutements fait-on appel à un chasseur de têtes ? En général, il s'agit de recrutements de cadres supérieurs, d'une dizaine d'années d'expérience en moyenne. Cela concerne les métiers clés de l'entreprise comme le marketing, le commercial, la direction général, la direction financière, les DRH, la qualité, le contrôle... Mais cela concerne aussi des métiers très spécifiques, comme actuaire dans l'assurance.
Les chasseurs de têtes sont-ils payés au résultat ? Les cabinets payés au résultat sont peu nombreux. Personnellement, je m'oppose à cette pratique. Le fait d'être payé au résultat dissuade d'apporter une expertise de conseil et incite à présenter des candidats à tour de bras. Les chasseurs de têtes remplissent une mission de conseil et doivent être payés en honoraires pour les moyens mis en oeuvre. Ils sont payés 25 à 33 % de la rémunération annuelle de la personne cherchée. L'exclusivité est aussi indispensable.
Pourquoi fait-on appel à un chasseur de têtes ? Notre compétence est reconnue dans l'analyse des besoins, la recherche des candidats et leur évaluation. Nous offrons une garantie forte : nous sommes prêts à recommencer la mission gratuitement si le client n'est pas satisfait de son recrutement.
Les grandes entreprises ont des départements RH souvent très développés. Font-elles appel à vous ? Les entreprises qui ont une capacité d'expertise font appel aux cabinets de chasseurs de têtes de manière ponctuelle. Elles réalisent elles-même 90 à 95 % de leurs recrutements. En général, elles ne souhaitent pas contacter un candidat d'une entreprise concurrente directement. Cela peut être une raison de faire appel à un chasseur de têtes.
Quels sont les principaux moyens employés pour trouver les candidats ? C'est un secret... Un sourcier ne vous dira pas comment il trouve de l'eau ! Le chasseur de têtes utilise tous les moyens dont il dispose : ses fichiers, les sites Internet, la connaissance du milieu professionnel où évolue le client... Nous suivons des règles déontologiques très strictes. Il existe une norme Afnor qui garantit la qualité des cabinets de recrutement.
Comment approchez-vous les candidats ? Nous les approchons par courrier ou par téléphone. Nous pouvons également les rencontrer à des manifestations ou à des congrès. La chasse est un travail d'équipe. Le premier contact est souvent le fait des chargés de recherche. Un consultant prendra ensuite en charge l'évaluation.
L'activité à l'international se développe-t-elle ? L'international se maintient. Suivant les cabinets, les missions de filiales françaises ou pour des clients étrangers représentent 10 à 50 % en volume.
Internet a-t-il changé votre métier ? Internet permet d'entrer plus facilement en contact avec les candidats. Les cadres envoient aujourd'hui leurs CV plus rapidement grâce au mail. Nous en recevons donc beaucoup plus, ce qui rend le tri difficile. Pour les candidats, il faut veiller à contrôler ce qui est dit sur soi, notamment sur le Web.
Quel conseil donneriez-vous à un cadre qui se fait chasser ? Il faut faire confiance au cabinet. Il est le meilleur allié de l'entreprise et du candidat. Par ailleurs, si vous souhaitez être chassé, référencez-vous.
*Source : Le Journal du management Septembre 2004

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