Les entreprises prestigieuses continuent de faire rêver les étudiants
Les entreprises prestigieuses continuent de faire rêver les étudiants.
Voici de retour la livraison printanière des classements des entreprises préférées des jeunes diplômés.
Selon l'enquête 2006 de la société d'études Universum, LVMH a ravi d'un battement d'aile la première place à L'Oréal dans le coeur des sortants des écoles de commerce, suivi à la 2e et la 3e places par Air France et Danone qui ont échangé leur 3e et 4e places.
Du côté des ingénieurs, EADS et PSA tiennent leur rang et précèdent EDF, qui monte sur la 3e marche du podium, au détriment de Renault, qui recule en 7e position. Mais dans le palmarès 2006 effectué par TNS-Sofres, changement de décor !
Quand on leur demande de citer un employeur idéal, les commerciaux mettent en tête Ernst & Young, BNP Paribas et la Société générale. Et quand on leur souffle une liste de noms, c'est Danone, Apple et PPR (Pinault Printemps Redoute) qui prennent les devants. Les ingénieurs montrent plus de constance : PSA, Renault et EADS ou Arianespace ravissent leurs suffrages.
Du côté de Nestlé, on regarde ces classements avec attention et circonspection : "Nous n'attendons pas le verdict avec anxiété, relate Brigitte Meis, responsable du recrutement France. Car, dans l'étude d'Universum, nous progressons, notamment chez les ingénieurs, où nous passons de la 28e à la 17e place. Mais, dans le sondage TNS, nous perdons du terrain. Ces enquêtes sont des éléments parmi d'autres, qui peuvent, bien entendu, nous servir de warning pour mesurer les effets de notre communication de recrutement."
D'un hit-parade à l'autre, on retrouve effectivement peu ou prou les mêmes entreprises, bien que dans un ordre dispersé : ce sont des groupes internationaux, connus aussi bien par leurs produits que par leurs actions sur les campus. Et des tendances émergent clairement : "Les géants de l'énergie, les banques d'investissement, notamment étrangères, et les sociétés de conseil ont progressé cette année, note Abdou Ziat, responsable d'Universum pour la France. Cela correspond à une évolution du marché de l'emploi. Ces entreprises qui recrutent gagnent en image." L'étude de TNS-Sofres fait le même constat.
Mais entre le fantasme exprimé et la réalité, il y a une petite différence. C'est ce que suggère en partie l'étude réalisée en 2005 par PlaceOjeunes, une société qui commercialise une technologie permettant de connecter les sites emploi des entreprises et les intranets des écoles. Elle fait un classement des sociétés à partir de la moyenne de consultations par offre d'emploi. Chez les commerciaux, on trouve en tête LVMH et L'Oréal mais aussi, dans les vingt premières places, des "intrus" comme Yves Rocher, General Electric, Mazars ou Esso. Du côté des ingénieurs, on s'intéresse beaucoup à des équipementiers automobiles, comme Valeo ou Faurecia, guère mis en valeur par ailleurs : "Ces derniers sont proches des laboratoires des écoles, explique Nicolas Faure, fondateur de PlaceOjeunes. On est davantage dans le réel. Ce sont les entreprises où les jeunes diplômés vont essayer de postuler et pas celles dans laquelle ils rêveraient de travailler. Pour un poste en marketing, les étudiants en recherche d'emploi semblent considérer qu'Yves Rocher est une bonne alternative à L'Oréal."
Un jugement que tempère Manuelle Malot, responsable du service Carrières-Prospectives de l'Edhec. Selon elle, plus de 80 % des étudiants postulent inlassablement dans les entreprises "rêvées" : "Ils vont vers ce qu'ils connaissent et ce qui brille - le produit, la carte de visite, les éventuelles opportunités à l'international. Ensuite seulement, ils reviennent à des considérations plus terre à terre. Par exemple, M6 a recruté depuis trois ans plus de diplômés de notre établissement que Canal+, alors que la première n'apparaît pas dans les classements et que la seconde caracole toujours dans les premières places." L'imaginaire a la vie dure et contrecarre les efforts des responsables Entreprises & Carrières des écoles, comme Jacques Guilluy qui officie à l'ESC Lille : "Nous attirons leur attention sur l'importance du contenu de la mission et du portefeuille de compétences qu'elle va permettre de développer. Malgré tous ces conseils, la notoriété continue de l'emporter, comme si le produit ou l'image faisait la fonction." Une situation qui permet aux entreprises bien vues de faire sereinement et sélectivement leur recrutement...
Nathalie Quéruel Article paru dans l'édition du Monde, du 06.06.06
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