Pour renforcer sa palette de services, l’Association pour l'emploi des cadres (Apec) innove et lance une offre aux entreprises pour recruter sans CV.
"C’est la fin de la dictature du curriculum vitae", annonce fièrement Jean-Paul Roucau, directeur général adjoint de l’Apec. Pas besoin de lettre de motivation, de diplôme, de nombre requis d’années d’expérience pour postuler aux nouvelles offres d’emploi de l'Apec. Il suffit de répondre, de façon anonyme, à un questionnaire en ligne élaboré par l’Apec et l’entreprise qui recrute. Ainsi, pour un poste de "chef de produit marketing", vous devez répondre à une trentaine de questions du type : "avez-vous été amené à travailler avec une agence de communication. Si oui, pourquoi?", ou encore "quels sont vos atouts pour le poste?".
Au fil du questionnaire, certains se découragent, d’autres se rendent compte qu’ils ne sont pas faits pour le poste, ce qui permet d’opérer un premier tri. "L’objectif est d’évaluer les compétences professionnelles du candidat, sa capacité à se projeter mais aussi sa motivation, explique Jean-Paul Roucau, qui a commencé par expérimenter cette nouvelle méthode au sein même de l’Apec, il y a un an. En entretien, ce premier écrémage permet de sauter l’étape incontournable du "racontez-moi votre parcours" pour aborder tout de suite des questions opérationnelles."
Auchan, Danone et quatre autres grands groupes expérimentent ce nouveau mode de recrutement. En mars dernier, Auchan a ainsi enregistré 2.600 connexions sur son annonce et plus de 1.000 questionnaires ont été remplis complètement. "Soit un taux de réponse 3 fois plus élevé que sur une offre classique", selon l’Apec. Au final, 10 chefs de rayon ont été embauchés, comme ce diplômé d’une licence d’anglais qui aurait habituellement été écarté.
Privilégier les compétences permet justement de diversifier les profils. "Pour éviter les erreurs de casting, les recruteurs ont tendance à privilégier toujours les mêmes CV avec des diplômes équivalents, des parcours similaires, ce qui prive l’entreprise de talents riches et variés", déplore Jean-Paul Roucau. Peut-être la fin annoncée du "clonage" des candidats…
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