Hortense Limouzin (BBA EDHEC Online 2024), championne d’Europe et du monde de basketball 3x3
La basketteuse Hortense Limouzin a connu le feu des projecteurs avant même son diplôme du BBA EDHEC Online (prévu pour 2024), unique formation business à distance adaptée aux sportifs de haut niveau. Elle est devenue championne d’Europe U18 (pour les joueuses de 18 ans et moins) en 2016, puis a enchaîné les médailles d’or avec ses coéquipières de l’Équipe de France de 3x3 – discipline du basketball sur un demi-terrain, à 3 joueurs contre 3 (au lieu de 5 sur un terrain entier) – : Nations League en septembre 2021, Championnat d’Europe en mai 2022 et Championnat du monde en septembre 2022. Actuellement au club du Saint-Amand Hainaut Basket tout en continuant le programme du BBA EDHEC Online, elle nous révèle ses secrets d’athlète et de personnalité publique, avec, en ligne de mire, la performance à la compétition sportive internationale 2024.
Comment résumerais-tu ton poste et tes responsabilités actuelles ?
Je suis sportive professionnelle, je fais partie d'un club de basket de Ligue Féminine de Basketball, actuellement le plus haut niveau français pour les femmes. Je suis plus précisément meneuse de jeu titulaire, un rôle bien différent de la capitaine (qui elle aussi peut être meneuse). Les responsabilités et les enjeux de ce poste consistent entre autres à porter stratégiquement mes coéquipières pendant les matchs. D'une manière plus globale à l'échelle du club, nous essayons de mettre à profit tout ce qui est mis en place entre les partenaires et les dirigeants du club, pour maintenir le bateau à flot et faire en sorte que le club continue à exceller en première division.
Tu as donc un rôle de représentation vis-à-vis du club, en plus de ton rôle sportif ?
Bien sûr, car au-delà de la victoire ou de la défaite en tant que sportives, nous représentons aussi l'image du club, ainsi que ses valeurs : ici dans le Nord, le travail et la solidarité, caractéristiques de la région. Le club met les moyens nécessaires pour rester dans cette division, et y survit de manière humble et modeste. Le club possède aussi un centre de formation qui permet de rayonner dans tout le circuit jeune. Chaque club a sa propre identité, représentative de la région où il se trouve. Je suis originaire du Pays basque, mais j'ai d'abord commencé mon circuit professionnel dans les Landes, une terre de basket et de sport, aux valeurs familiales. Je suis ensuite allée en Bretagne et dans le Nord, qui se ressemblent un peu en termes de solidarité : les gens se donnent la main pour avancer. Selon les régions, on sent vraiment les différentes valeurs et attentes envers les sportifs et sportives professionnels.
Faut-il désormais soigner son branding en tant que sportif ou sportive ?
Le branding a pris de plus en plus de place ces deux dernières années, surtout à la veille de grands événements comme ceux de 2024. Ce n'est pas forcément quelque chose auquel on nous demande de faire attention, ni sur lequel on nous aide en général. J'en ai pris connaissance il y a plus d'un an, et je vois maintenant qu'il faut faire de soi sa propre marque pour réussir à se vendre au mieux, et cela au-delà du club et de notre métier. Le branding se développe beaucoup avec les réseaux sociaux et nous sommes aussi attendues là-dessus, même si ce n'est pas dit directement. Nous sommes des joueuses, des sportives douées, des athlètes performantes au quotidien, et savoir mettre en avant notre image de sportives ne peut que nous être bénéfique. J’essaie de me développer sur ce plan depuis une dizaine de mois. Dans l'immédiat, cela permet de communiquer sur moi-même, parfois aussi de démarcher des partenaires, mais cela pourra me servir encore plus à la fin de ma carrière, à l’aide du réseau que j’aurai pu me créer. C’est un aspect sur lequel nous, sportifs, travaillons dans notre temps disponible, et qui ne nous inhibe pas dans notre performance.
Avec les clubs, tu as l’expérience d’un écosystème business – médias, partenariats – avant même d’avoir reçu les savoirs théoriques du BBA Online. Pour les autres formations EDHEC, c’est plutôt l’inverse !
Être à l'École tout en étant salariée d'un club (et donc en voyant son fonctionnement), c'est une plus-value à la fois pour maintenant et pour plus tard. Les cours me permettent de transposer au monde « réel » de l'entreprise ce que je vois quotidiennement. On peut observer aussi un parallèle entre les indicateurs de performance d’une entreprise et les statistiques sportives. Ce sont des éléments d’évaluation qui ne mentent pas. Au basket, les points, le nombre de rebonds et les passes décisives sont des chiffres qui nous définissent aux yeux des clubs et des coachs. C'est ce qui nous donne une « valeur », c'est ce qui fait que nous méritons de rejoindre un club plutôt qu'un autre. Mais il y a aussi une partie terrain – relationnel avec les coéquipières, intensité, volonté – qui n’est pas forcément toujours évaluée et chiffrée directement dans le sport. Et c’est là-dessus que j’ai encore beaucoup à apprendre en entreprise, au-delà des Key Performance Indicators. Plus j'avance dans mon cursus, plus je vois les liens entre ces deux univers. Cela me permet de mieux avancer, du fait que je n'ai pas la possibilité de vivre une réelle immersion en entreprise. Nous, sportifs, pouvons être un vrai atout en entreprise si nous arrivons à composer entre notre expérience d’athlète de haut niveau et notre volonté de découvrir le monde des organisations. En bref, ne pas considérer que notre seul statut d’ancien athlète pourra suffire.
Victoire après victoire, l’objectif de dépassement de soi est-il toujours présent ?
L'année dernière, nous avons remporté la Coupe du monde très tôt, en mai, et la Coupe d'Europe se jouait en septembre. Nous aurions pu avoir ce sentiment d'accomplissement, une envie de relâchement. Mais avec mes coéquipières et tout le groupe France, nous voulons remettre en jeu chaque titre et montrer que nous sommes toujours les plus compétitives, que nous souhaitons rester les meilleures. Les victoires ont une très grande valeur, elles méritent d'être savourées, mais nous souhaitons aussi continuer à assumer un statut de favorites, en nous remettant rapidement au travail.
Ces victoires aident-elles à populariser la discipline du 3x3 au basket ?
Oui, c'est sûr. Le 3x3 a connu un bel essor après les jeux de Tokyo (première représentation olympique), et surtout avec la Coupe d’Europe à Paris. Le 3x3 est un sport très télégénique. C’est lorsque nous avons été suivies pendant une semaine à la Coupe du monde et à la Coupe d'Europe par la chaîne de télé L'Équipe, que je me suis rendu compte que de plus en plus de monde regardait. Entre fin mai 2022 et septembre 2022, bien plus de gens ont apprécié cette discipline au-delà de juste la connaître, et cela est une belle avancée. En revanche, la médiatisation d’un néo-sport comme le 3x3 ne passe uniquement par la couverture des chaînes publiques, mais aussi forcément par les résultats. Ce n'est pas un sport populaire comme le foot, qui fonctionnera toujours économiquement, au-delà des simples performances. J’espère qu'en 2024 à Paris, tous ces « petits » sports qui ne le sont plus maintenant, deviendront connus et adorés aux yeux de tous.
Le 3x3 semble également plus accessible au grand public en raison de sa logistique plus réduite…
Le 3x3 se rapproche de la nature première du basket : le basket de rue. On se retrouve, on se croise sur un terrain, on regarde, on a envie d'aller jouer. C’est très spontané. J’espère que nous donnons envie à plein de jeunes filles et de jeunes garçons de se mettre ou de se remettre au basket. Pour faire du 3x3, c’est le bon moment pour s'inscrire dans un club ! Mais c’est aussi possible et facile de se dire que l’on va simplement retrouver ses copains sur un terrain à l’extérieur pour un 3x3. À l’origine, le 3x3 est un sport mixte qui se joue en musique, qui donne forcément l’impression d’une logistique plus réduite que l’organisation d’un match ou d’une compétition de 5x5. Au-delà de son aspect « cool » (extérieur, accessibilité, musique, show), le 3x3 reste une discipline très professionnelle, qui évolue dans l’ère du temps. Et tout comme le BMX freestyle, le skate, ou encore le breakdance, je suis sûre que ces sports d’extérieur séduiront de nombreux spectateurs sur la place de la Concorde lors des jeux de Paris.
Comment fais-tu pour gérer le stress et garder ta motivation au quotidien ?
La motivation s'entretient forcément, puisqu’elle peut fluctuer, et c’est normal. Nous ne pouvons pas juste être motivées lorsque nous gagnons ou lorsque nous jouons bien. Quand nous perdons, nous nous disons que cela nous apportera de nombreux enseignements, que cela nous rendra peut-être plus alertes à l'entraînement. D’autres aspects dans nos vies peuvent aussi nous affecter. Au-delà de ne pas nous en cacher, je pense qu'il faut aussi, au niveau auquel nous sommes, être capables d'en parler, ne pas avoir peur de dire que nous travaillons avec un psychologue. On a entendu beaucoup de sportifs parler de dépression ces dernières années. Il n'y a pas de honte à cela. Quand nous faisons la démarche d'être accompagnés mentalement, c'est pour prévenir plutôt que pour guérir. Nous faisons subir des efforts à notre corps qui, à un moment donné, viennent nous toucher psychologiquement. L’aspect mental doit être pris avec autant de sérieux que l'aspect physique. De plus en plus de clubs et d'équipes nationales recrutent des préparateurs mentaux ou des psychologues. Aujourd’hui, les athlètes arrivent à obtenir le corps qu’ils visent ou à atteindre un niveau de performance optimal grâce aux coachs, aux préparateurs physiques, aux machines et aux moyens de récupération. C’est maintenant le mental et l’importance du détail qui feront la différence.
Ressens-tu davantage de pression dans le monde du sport aujourd’hui ?
Avec le développement des réseaux, on se met en constante comparaison avec les autres. Mais dans le sport, il y a toujours la notion de performance. Quand on se rapproche, jour après jour, de compétitions telles que Paris 2024, penser à la sélection ou aux différents enjeux peut générer beaucoup de petits stress. On se dit alors que si on ne fait pas les efforts aujourd'hui, quelqu'un d’autre pourra peut-être prendre les devants et le faire à notre place. Cela pousse à être toujours plus performants !
Quel est l’impact que tu souhaiterais avoir sur le monde du sport dans la suite de ta carrière ?
Ce serait trop prétentieux de ma part de dire que je voudrais changer les choses dans un monde que je ne connais pas encore suffisamment, mais j’aimerais permettre aux femmes d'avoir encore plus de place dans le sport, continuer de développer l'égalité des sexes ou encore le sport dans les régions les plus pauvres. J’aimerais que le sport continue d’unir les gens. Le sport est à mes yeux un divertissement alliant dévouement, passion et émotion. Beaucoup de voix ont une valeur et méritent d'être écoutées et entendues. Je me passionne aussi pour la notion d'organisation et de développement de projets, que je souhaiterais mettre en place dans des institutions comme les clubs, les fédérations ou le Comité International Olympique.
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