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EDHEC'ELLES le 30 janvier : le leadership, une question de genre ?

Actu du Réseau

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08/03/2014

La salle du campus Executif de Paris était pleine d’hommes et de femmes EDHEC de toutes générations venus débattre de cette question avec nos intervenantes : Valérie Petit, Phd, Professeur de management et leadership  à l’Edhec,  Ghislaine Auxoux (Edhec GE 1981) PDG Xerox France  (32 ans chez Xerox) et Amélie Vidal-Simi (Edhec GE 1989) PDG Henkel  (23 ans chez Henkel).

Beaucoup venaient aussi pour apprendre de l’expérience de nos deux dirigeantes témoins.

Béatrice d'Herbomez, ambassadrice du club EDHEC'elles, nous a préparé le compte-rendu de ces échanges :

1/ Un peu de théorie, le leadership : une question de genre ? 

Intervention de Valérie Petit

C’est une question rhétorique qui revient également à se demander qui détient le pouvoir.

Dans les mentalités, pouvoir, force, rationalité, confiance en soi, autorité et charisme sont associés au masculin. Or, on retrouve précisément ces adjectifs associés au masculin lorsqu’on se penche sur les stéréotypes du leadership : force, pouvoir, autorité, charisme. Les femmes que les stéréotypes veulent chaleureuses, soucieuses des autres, à l'écoute, empathiques, émotives et sensibles n’auraient pas leur place en tant que leader.

Une femme leader serait-elle alors « une femme à barbe ?! »

Les faits recoupent ces stéréotypes associés au leadership :
Aucune femme n’est à la tête d’une entreprise du CAC 40 et 94% des dirigeants des SBF 120 sont des hommes. Il  n’y a donc que 6% de femmes aux comités de direction (lieux de pouvoir) des SBF 120 dont 75% sont DRH.

Comment dépasser ces stéréotypes et faire évoluer la société vers plus de parité ?
D’une part, il est important de noter que l’histoire montre que seule la législation et non simplement le temps fait évoluer les mentalités. D’autre part, le leadership ne se définit pas par les stéréotypes qui lui sont associés.

Le leadership, c’est le processus par lequel un individu influence un groupe d’individus en vue d’atteindre un but commun.
Les comportements de leadership efficaces qui ressortent des études sont les suivants :
1.    La considération individualisée  (l’attention portée à chacun)
2.    L’influence idéalisée (un leader donne l’exemple et constitue ainsi un support d’identification)
3.    La motivation inspirante (optimisme communicatif)
4.    La stimulation intellectuelle

Un leadership s’appuyant sur ces quatre points est dit de style transformationnel. Il est reconnu comme efficace, et bien supérieur au management  par objectifs.
 Dans notre relation avec nos supérieurs au quotidien, nous ne souhaiterions pa,s nous-mêmes, être soumis à un leader classique charismatique, influent et autoritaire tel Napoléon au pont d’Arcole !

Quelques techniques  pour être un leader efficace :

1/ Cultiver les compétences transformationnelles citées ci-dessus
2/ Pratiquer l’influence minoritaire en restant authentique, rester donc peu nombreux et consistants.
Cette continuité permet de « passer du statut d’extra-terrestre à celui de sauveur ! »
3/ Etre stratège :
- faire diversion : si je suis une femme anglaise et qu’il vaut mieux être anglaise que femme alors quand je me présente, je fais en sorte d’être perçue comme  anglaise avant tout.
- avancer masquée : « je suis impitoyablement aimable » dit Sheryl Sandberg, numéro 2 du géant Facebook.
 Il est à souligner que les femmes ne doivent pas  être promues parce qu’elles sont femmes mais parce que leurs compétences sont reconnues.

2/ De la théorie à l’expérience avec le témoignage de nos deux invitées

Ghislaine Auxoux :
Les mentalités évoluent : Xerox était une société très masculine avec un recrutement dans l’armée, aux Etats-Unis, à ses débuts. Les départements de l’entreprise étaient des districts et les missions des commandos ! Xerox a changé : l’entreprise est dirigée depuis 10 ans par des femmes.

Amélie Vidal-Simi
Elle a été la première femme au département des ventes et la première directrice commerciale chez Henkel.
Elle tient à souligner que la situation des femmes dans l’entreprise en France est meilleure, en moyenne, qu’ en Europe. Cependant les USA sont loin devant en termes d’amélioration de la situation des femmes en entreprise grâce aux quotas mis en place, il y a bien longtemps.

Voici 11 conseils tirés de leur expérience :
1. Il faut oser : faire savoir ce que l’on veut, demander ce qui nous est dû
2. Ne pas se fixer de barrières soi-même : je suis enceinte donc je ne peux accepter une promotion
3. Ne pas cacher sa réussite derrière des circonstances : une femme trouve des raisons extérieures ou occasionnelles pour expliquer sa réussite, alors qu’un homme a réussi parce qu’il était compétent et qu’il a eu raison.
4. Oublier le perfectionnisme qui nous a réussi lors de nos études : les femmes font preuve d’un perfectionnisme qui les freine.
5. Face à un patron macho, il faut faire jouer son réseau au sein de l’entreprise et mettre en avant ses performances et ses résultats.
6. Face à une remarque sexiste, il faut relever la remarque, non la laisser passer, et réagir avec esprit et humour. Par exemple, un collègue lance à Amélie Vidal-Simi « il parait qu’avec un sourire tu peux motiver toute une équipe ». Elle a répondu simplement : « Oui et pas que !! »
Valérie Petit rappelle que cet exemple est une forme de sexisme bienveillant mais non moins dévalorisant.
7. Confrontée au sexisme en équipe de travail ou comité exécutif, Ghislaine Auxoux conseille d’instaurer  des cartons verts et des cartons rouges pour récompenser les interventions témoignant d’une ouverture d’esprit et punir les interventions « macho ».
8. Revoir ses ambitions à la hausse. Amélie Vidal-Simi s’était fixé pour objectif d’être Directrice du Marketing,  Ghislaine Auxoux, d’être DRH, pour se rendre compte que leur potentiel et leur parcours les menaient ailleurs.
9. Il faut faire des jobs différents, prendre des jobs par envie et non pour le pouvoir qu’ils procurent. Le changement d’entreprise ne s’impose pas, il faut en juger. Quand on reste dans la même boîte, on a l’avantage de capitaliser sur la confiance acquise. En tant que femme, c’est donc un avantage certain de rester dans la même entreprise.
10. Gérer son réseau : une femme perçoit en général son réseau comme convivial alors qu’il s’agit de l’utiliser pour progresser.
11. Rester soi-même et savoir jouer des rôles si besoin

Valérie Petit, de son côté, rappelle qu’il faut faire preuve d’intelligence du leadership :
1. Avoir son propre profil en tête
2. Aller là où on se sait être bon
3. Aller là où on aura le moins de difficultés

Quelques questions/réponses
-Que diriez-vous du leadership ?
Rester soi-même.
Il y a deux composantes dans notre éducation, une partie constitue l’individu que nous sommes et l’autre correspond à une soumission à l’attente des autres concernant notre rôle en tant que partie constituante de la société.
Homme ou femme, il faut être traité comme « pro » et se positionner en tant que tenant du poste.
-Comment se caractérise votre leadership ?
Amélie Vidal-Simi : être reconnue comme performante (atteindre ses objectifs), être bienveillante et exigeante. Avoir un a priori positif, être enthousiaste et savoir s’entourer.
Ghislaine Auxoux : être disponible même de manière imprévue, bienveillante et flexible.
- Avez-vous eu un mentor ?
Ghislaine Auxoux et Amélie Vidal-Simi n’ont pas eu de mentor officiel mais ont toutes deux été portées par des personnes lorsqu’elles en avaient besoin. Être bien entourée est primordial.
-Quel équilibre de vie adopter lorsqu’on a de hautes responsabilités en entreprise ?
 Evaluer ce qui est prioritaire, ne pas accepter de réunions après 18h et ne pas accepter de demandes de travail à faire pour le lendemain à partir d’une certaine heure.
Savoir être flexible et organisée et passer outre la culture de la présence au travail.
Arriver à être à 100% PDG au travail et à 100% famille à la maison.

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