Avec Moderato, Sébastien Thomas (EDHEC Master 2002) propose une boisson issue du vin, légère et engagée

Qui es-tu ?

Je suis  Sébastien Thomas, je suis né à Cognac et issu d’une famille de viticulteur-distillateur. J’ai ensuite fait mes études à Paris puis à l’EDHEC à Lille dont je suis sorti en 2002.

Du sud-ouest en passant par la capitale puis en montant jusque dans le Nord, je pensais m’arrêter là géographiquement, mais j’ai finalement traversé La Manche pour vivre à Londres pendant près de 13 ans. J’ai notamment travaillé à l’international au sein du groupe Pernod Ricard, avec aussi quelques petits passages en conseil et puis en tant que directeur marketing international de Platinum Guild, un organisme qui développe le marché de la joaillerie en platine.

Un peu avant le BREXIT, j’ai plié bagages pour Paris où je suis installé avec ma femme, ma fille et mon fils depuis un peu plus de 5 ans.

L’atterrissage n’a pas été simple, car je n’avais finalement jamais travaillé en France, mais dans des univers plutôt multiculturels. J’ai pris le temps en faisant un bilan de m'orienter doucement vers des fonctions plus stratégiques de développement opérationnelles et un peu moins marketing pur, mais toujours dans des univers tournés consommateurs et marques à valeur ajoutées.

Comment est né ton projet ?

A la fin d'une mission en 2019, j’ai eu la chance de recroiser la route d’une personne que je connaissais bien et qui avait monté un fond d’investissement (Eutopia). Ce fond investissait dans des marques qui correspondent aux changements de consommation que l’on connait aujourd’hui : plus responsables, plus transparents, tournés vers le bien-être avec un impact social et environnemental… Le fond sondait l’univers des vins et spiritueux ‘no-low’, c’est-à-dire à degré d’alcool réduit, voire sans alcool. Un sujet qui commençait à faire beaucoup parler de lui notamment au Royaume-Uni et aux Etats-Unis avec des changements notables dans la consommation.

Ils voulaient trouver des fondateurs pour monter et créer un vrai projet. Je me suis alors plongé dans le sujet, j’ai senti le potentiel et ça correspondait à des racines fortes pour moi. Un projet avec beaucoup de sens et l’ambition d’apporter quelque chose de fondamentalement nouveau.

J'ai été mis en contact avec un autre potentiel fondateur, Fabien Marchand Cassagne qui est devenu mon associé et un vigneron pionnier de la région de Béziers, Vincent Pugibet. Le courant est passé, la complémentarité était là aussi et nous avons commencé à travailler sur le projet.

Nous avons lancé "moderato" en septembre 2020 et venons de terminer notre campagne de lancement sur la plateforme Ulule où nous avons largement dépassé les objectifs que nous nous étions fixés. Nous voilà dans le grand bain !

Quel est le concept, la promesse de "moderato" ?

Notre mission avec "moderato" est simple : créer et promouvoir des produits innovants, légers et engagés issus du savoir-faire vinicole français.

Concrètement, on s’inspire du savoir-faire vinicole français pour créer une toute nouvelle expérience avec seulement 5% d’alcool et 0 pesticide, mieux adaptée à nos modes de vie tout en prenant soin de la planète

Quelles sont les spécificités de tes produits ?

Si nous sommes issus du vin, nous ne sommes plus un vin du point de vue légal (nos vins ont seulement 5% d'alcool et le minimum est de 8%) car nous passons par un procédé mécanique de réduction de l’alcool (l’osmose inverse comme pour désaliniser l’eau) tout en gardant les arômes. Résultat, un produit plus léger avec seulement 30kcal pour 100 ml soit 2,5 fois moins qu’un verre de vin classique. Nous sommes sur une nouvelle expérience plus légère, plus fraîche, parfaite pour des moments improvisés comme l’apéritif.

L'autre spécificité est que le moderato est issu de nouveaux cépages obtenus par hybridation qui n’ont plus besoin de pesticide. C’est une grande avancée, car la vigne a en général besoin de 12 à 15 traitements par an pour se protéger des maladies qui l’attaquent notamment au printemps.

Comment se passe l'association avec votre vigneron et la production ?

Il était important pour nous de mettre en avant le savoir-faire unique que nous avons en France autour du vin. Le marché du ‘no-low’ est en pleine expansion grâce notamment aux bières sans alcool et dans une moindre mesure aux hard seltzers (des eaux gazeuses aromatisées et alcoolisées) mais quid d’utiliser notre savoir-faire pour proposer un vrai produit de qualité sur ce créneau des produits plus faibles en alcool ? Nous avons ainsi eu la chance de rencontrer notre vigneron, un pionnier et un très bon vigneron qui travaillait déjà ce type de cépage et la réduction partielle du niveau d’alcool. Il faut une vraie maîtrise précise pour arriver à créer un produit de qualité en touchant un des éléments clés du produit (l’alcool), on est très content de pouvoir valoriser ce savoir-faire unique !

Nous sommes associés avec notre vigneron qui a une belle capacité de production. Ainsi, on travaille en parfaite transparence et dans l’échange permanent avec une vraie relation de confiance. L’important pour chacun de nous est d’être tourné vers nos consommateurs, de répondre et d’anticiper leurs attentes pour mieux innover.

Les cépages résistants sans pesticide sont une pierre angulaire de moderato, mais ce n’est que le début, nous voulons pas-à-pas et avec beaucoup d’humilité voir comment nous pouvons repenser la chaîne de valeur. Par exemple, notre bouteille a déjà 30% de verre recyclé, notre bouchon est en liège naturel et notre étiquette est en papier 100% recyclé et recyclable.

Qu’est-ce que tu aimerais donner comme conseils aux entrepreneurs qui souhaitent se lancer ?

D’abord qu’il n’y a pas vraiment les entrepreneurs d’un côté et les autres de l’autre, ce sont parfois les occasions, les rencontres et les moments de vie qui créent l’opportunité et permettent qu’on se pose les bonnes questions pour se lancer.

Ensuite, qu’il faut être structuré, ça parait simple, mais la somme de travail et le rythme sont très importants, du coup, savoir où mettre les efforts, vers quoi, pourquoi et comment est en fait essentiel. En gros, il faut un plan clair et y revenir régulièrement pour s’adapter et ajuster.

Enfin, je parlerais du côté humain, rien ne vaut une réelle complémentarité des personnes et des profils, pour s’associer et aussi pour être accompagné, et il faut vite se poser les bonnes questions autour de l’ambition du projet, ce que l’on souhaite y mettre et quelles valeurs nous animent. Se poser ces questions-là dès le départ est assez fondamental, car c’est souvent un pilier pour avancer… même si je ne suis entrepreneur que depuis peu de temps !

Qu’est-ce que tu attends de la communauté des alumni EDHEC ?

C’est une super opportunité de pouvoir partager et échanger sur moderato, mais aussi sur d’autres projets. L’échange, l’ouverture sont essentielles, ça aide à ouvrir des perspectives, trouver des solutions et aussi, simplement, aider les autres. Je pense que la communauté a du potentiel pour jouer ce rôle…