Thibault Servan (EDHEC Master 2004) nous parle de son film : LES AGROFRANGINS
Quel a été ton parcours après l’EDHEC ?
Après l’obtention de mon diplôme en 2004, j’ai poursuivi mes études avec un Master en géopolitique. Ce double diplôme m’a permis d’intégrer le secteur de l’énergie dans lequel je travaille depuis une quinzaine d’années. J’ai travaillé, en France et à l’international, au sein de grands groupes et de PME. Je suis aujourd’hui indépendant avec une expertise des marchés de l’énergie et en business development.
Raconte-nous la genèse du projet LES AGROFRANGINS
J’avais envie de porter mes propres projets et cherchais une autre façon de m’impliquer et m’exprimer, d’allier créativité et utilité. Je suis convaincu que la diffusion des connaissances aide à rendre le monde meilleur.
La 1re étincelle vient d’un jour, à Marciac, lors de rencontres sur l’agriculture, où j’ai vu mon plus jeune frère Grégoire intervenir pour présenter son activité de maraîcher et ses initiatives en agroécologie. J’ai été impressionné par son intervention et l’explication claire et convaincante des motivations qui le poussent à faire ça. Peu de temps après, un autre de mes frères, Matthias, a établi sa ferme de maraichage dans la même région.
Le confinement a remis l’agriculture et les sujets liés à la terre et la nature sur le devant de la scène. De nombreux projets sont éclos, des documentaires, des films et beaucoup d’initiatives ont vu le jour.
J’ai vu dans ce contexte et dans la spécificité de ma famille, l’opportunité de raconter quelque chose d’utile. Ensuite, il a fallu que l’idée mûrisse dans ma tête et que je réfléchisse à ma place, en tant que réalisateur, et à celle de mes frères au sein de ce projet.
C’est quoi l’agroécologie ?
Il n’y a pas de définition officielle pour l’agroécologie. C’est une impulsion, à la croisée entre un domaine scientifique, un mouvement social et un ensemble de pratique agronomiques techniques. L’agroécologie est une vision systémique des interactions de l’agriculture dans son environnement. L’objectif est d’arriver à concilier les objectifs techniques, environnementaux et sociaux. Finalement, c’est remettre la terre au centre, on en prend soin, sans nier le progrès technique et le rôle actif de l’homme, en tant que chef d’orchestre.
Quels sont les objectifs du film : montrer la vie de tes frères maraichers ou expliquer comment faire de l’agroécologie ?
Les 2 ! La spécificité du film est d’illustrer, par le prisme d’une relation de frères (qui sont aussi les frères du réalisateur, mes frères), les grands principes de l’agroécologie. C’est de la pédagogie incarnée. Ce n’est pas un documentaire didactique, on montre des histoires individuelles et familiales pour aborder de façon concrète et positive les initiatives d’agroécologie.
Comment devenir réalisateur et bien t’entourer alors que ce n’est pas ta formation ?
Sur la thématique, les ponts sont nombreux entre la transition énergétique qui est mon métier et la transition agricole et alimentaire.
Sur l’aspect technique de réalisation, j’ai déjà réalisé des formats plus courts et je me suis formé à la prise de vue et au montage. Mais ce que l’on néglige très souvent dans le documentaire, c’est qu’il y a de l’écriture, à la fois pour monter des dossiers et pour la réalisation : quelle histoire on va raconter ? Sous quel angle ? Je me suis aussi formé à l’écriture, mais l’essentiel est de pratiquer.
S’entourer de techniciens est un vrai enjeu, qui demande de faire un point sur mon rôle, ce que je sais faire ou pas. Jusqu’à présent j’ai travaillé seul : les prises de vue, le tournage, l’écriture, le montage… Ce qui a aussi des limites, car on ne peut pas tout faire.
L’objectif de ce projet est de travailler avec une équipe composée d’un cadreur et d’un preneur de son, puis d’un monteur. Il faut donc élaborer un budget, un planning, communiquer, avoir des rituels, être clair sur les rôles et responsabilités de chacun. Ça se base beaucoup sur la confiance, sur le réseautage, le bouche-à-oreille.
La campagne sur KissKissBankBank a atteint le 1er palier, comment se passe une levée de fonds ?
Si on veut le faire de manière professionnelle, ça demande beaucoup de travail avec du contenu, de la stratégie, de l’animation via la communication sur les réseaux sociaux, dans les médias. C’est très chronophage. Mais ça en vaut la peine, car au-delà de la collecte de fonds, ça permet de créer une communauté, d’apprendre beaucoup de choses, de clarifier le projet et de réseauter.
On a eu un très bon démarrage qui nous a permis d’avoir rapidement de la visibilité et de commencer à nous projeter vers le 1er tournage. Mais la difficulté vient ensuite : les personnes ne sont pas familières du système de crowdfunding et ne savent pas toujours que ce n’est pas fini, qu’il y a une 2e étape. Il faut donc continuer à motiver le public, à expliquer pourquoi atteindre ce 2e palier est nécessaire au projet, ce que ces ressources vont nous permettre de faire en plus. Dans notre cas, nous pourrons professionnaliser la qualité du film, sur le tournage et la post-production. Et, très important, ça nous permettra d’en assurer la promotion qui est une étape nécessaire pour que le film soit vu.
Il reste donc encore du chemin !
Qu’attends-tu de la communauté des alumni EDHEC ?
Pouvoir partager ce projet afin que ceux qui le souhaitent puissent nous soutenir et, au-delà des enjeux financiers, on souhaite construire une communauté d’intérêt, qui relaie. Cette interview me permet aussi de montrer que finalement, quand on a envie, on peut tout faire. Notamment aujourd’hui car c’est plus admis d’avoir plusieurs casquettes, d’être slasheur.
🌱 LES AGROFRANGINS - LE FILM 🎬 jusqu’au 7 avril
Portez-les à l'écran pour rendre visible l'agroécologie !
https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/agrofrangins
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