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Research for business : La finance bouc émissaire de la crise de la zone Euro

Carrière

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02/03/2012

Le point de vue de Noël Amenc, professeur de finance, directeur de l'EDHEC Risk Institute


Il est de bon ton de blâmer la finance pour son supposé rôle dans la crise actuelle. Les financiers, avec leurs bonus et souvent l'arrogance de ceux qui cumulent réussites économiques et diplômes, sont, il est vrai, des boucs émissaires idéaux. Cependant, les faits et au final l'intérêt du pays nous obligent à dire que cette recherche du coupable idéal est peut-être un peu trop simple pour être honnête.

Faire croire que l'activité spéculative sur le marché des CDS a plus d'influence sur le coût de la dette des Etats que la méfiance justifiée des investisseurs internationaux envers l'accumulation des déficits publics dans la zone euro est une justification bien utile pour les dirigeants européens. Alors qu'ils ont continuellement enfreint les règles de maîtrise des dépenses et des déficits publics qu’ils avaient pourtant approuvées et considérées comme indispensable à la mise en place de la monnaie unique, elle leur permet de s'exonérer de toute responsabilité dans la grave crise financière et économique actuelle.

La crise de la zone euro n'est pas la conséquence de la spéculation financière mais le résultat d'erreurs à la fois de conception, de gestion et surtout de communication. Erreur de conception, car en s'interdisant des réajustements de parités monétaires entre des pays qui n'ont pas les mêmes facteurs de compétitivité, la zone euro ne donne aucun espoir de redressement économique pour des pays en difficultés et oblige leurs dirigeants à une rigueur budgétaire qui ne règle rien sur le long terme. Erreur de gestion, car les européens font jouer à la Banque centrale européenne, un rôle bien différent de celui prévu dans les traités, transformant cette institution en prêteur permanent de dernier ressort et lui faisant par là-même perdre toute crédibilité dans sa capacité à empêcher les crises liées au surendettement des institutions financières ou des états européens et, à plus long terme, à garantir la stabilité des prix. Erreur de communication, car en liant le sort de l'euro à celui de ses débiteurs, les dirigeants européens ont communiqué sur une solidarité financière qui n'existe pas et qui ne peut exister, faute d'une solidarité budgétaire et d'une gouvernance économique commune. Si certains ont préféré prêter à 15 % à la Grèce plutôt qu'à 3% à l'Allemagne, c'est bien que les probabilités de faillite des deux états étaient différentes et anticipées dans les prix. A quoi bon organiser la déflation européenne pour garantir le remboursement de créanciers qui avaient pris leurs risques ? A quoi bon ruiner la crédibilité de la Banque centrale européenne pour assurer les fins de mois d'états impécunieux incapables de réformer leurs économies? Une monnaie peut toujours survivre à la faillite d'un émetteur mais pas au manque de crédibilité de l'institution qui est supposée en garantir la valeur.

Noël Amenc, professeur de finance, directeur de l'EDHEC Risk Institute

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