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L'inspection générale, un tremplin de carrière

Ecole

-

07/03/2011

Renforcé par la crise, ce métier attire de plus en plus les jeunes

diplômés désireux d’accéder à des postes stratégiques.

Avant la crise, le concours de l’inspection générale attirait environ 500 candidats par an. Depuis 2008, on

dépasse chaque année les 1.500 pour… 35 places. » Ces chiffres que livre Aurore Gaspar, inspecteur principal

à l’inspection générale de Société Générale, démontre l’engouement des postulants pour une fonction d’élite qui

mène souvent aux plus hautes sphères dans les établissements bancaires. D’ailleurs, au Crédit Agricole,

l’affluence est la même : près de 2.000 candidats en 2009 et 2010 pour une cinquantaine de places ! Parmi eux, il

y avait Krystel Sicard-Malafosse, 24 ans, qui a rejoint l’inspection générale de la banque verte en juillet dernier

après avoir été diplômée de l’Edhec : « Pendant mes deux dernières années d’études, j’ai travaillé dans le cadre

d’un contrat d’apprentissage au middle-office de BNP Paribas Arbitrage. Après avoir assisté à une mission

d’inspection, j’ai décidé de postuler à l’inspection générale du Crédit Agricole. Je me suis dit que j’étais trop

jeune pour me spécialiser, j’avais envie de découvrir en profondeur les différents métiers de la banque et de me

forger une vision stratégique au contact de managers de haut niveau. » Anne-Violette Faugeras, 26 ans, a

quant à elle intégré l’inspection générale de Société Générale à sa sortie de l’ESCP-EAP Paris en 2007. «

Pendant mon année de césure, j’avais effectué un stage d’un an chez Ernst & Young où j’avais beaucoup

travaillé dans l’univers bancaire, raconte-t-elle. Pour mon premier poste, je voulais retrouver l’esprit jeune et

dynamique des cabinets d’audit, mais en allant plus loin dans la découverte des métiers de la banque. Je ne

souhaitais pas non plus me cantonner à l’audit comptable et à l’analyse des risques, je voulais aussi toucher du

doigt le conseil, la stratégie, accéder rapidement à la dimension internationale... »

Concours exigeant

Mais les portes de l’« IG », comme on l’appelle, ne s’ouvrent pas facilement. Pour intégrer cette activité, il faut

franchir avec succès toutes les étapes d’un concours très exigeant. Chez Crédit Agricole, sur les 2.000 dossiers

reçus chaque année, seuls 200 candidats sont convoqués aux écrits pour plancher sur deux synthèses en

français et en anglais, ainsi que sur une épreuve de logique. Suivent ensuite deux entretiens avec les ressources

humaines et deux chefs de mission de l’inspection générale, le parcours se terminant par un grand oral face à un

jury, devant la direction de l’inspection générale du groupe. « La première qualité que l’on recherche chez les

candidats, c’est l’esprit de synthèse, explique Alexandre Marret, chef de mission à l’inspection générale du

groupe Crédit Agricole. On évalue également la rigueur, l’écoute et la curiosité. On jauge la qualité

rédactionnelle car l’achèvement d’une mission, c’est toujours un rapport écrit. Il faut également être un bon

communicant car les inspecteurs sont amenés à restituer leurs travaux auprès des opérationnels, mais aussi du

management de l’entité auditée, et parfois auprès de la direction générale. Il faut enfin faire preuve de capacité

d’adaptation car nous changeons régulièrement d’environnement, et être doté d’un solide esprit d’équipe. Sur les

missions, nous travaillons toujours en petits groupes pour des durées restreintes et de manière assez intense. »

Une intensité que Krystel Sicard-Malafosse a déjà pu constater. Depuis son intégration en juillet dernier, elle a

en effet enchaîné trois missions : une première en gestion d’actifs chez Amundi, une deuxième chez Uni Editions,

la maison d’éditions du groupe, et une troisième à New York chez Crédit Agricole Corporate & Investment Bank.

Anne-Violette Faugeras a, elle, effectué son baptême du feu en Egypte, avec une première mission dans la

banque de détail de Société Générale. Elle a ensuite été chargée de vérifications dans la banque de

financement et d’investissement en France, puis de missions transversales dédiées aux processus de

recouvrement dans les métiers du financement spécialisé. Nommée chef de mission début 2010, elle a dans la

foulée supervisé un travail de quatre mois dans les pays Baltes sur la location de voitures pour les entreprises et

le crédit à la consommation, avant de participer à une mission en Suisse sur la gestion de fortune.

S’ils sont aussi variés qu’internationaux, les parcours dans l’inspection générale ne constituent qu’un passage

dans une carrière. Au Crédit Agricole, l’expérience dure environ six ans, au gré des fonctions d’inspecteur

auditeur, d’adjoint au chef de mission, puis de chef de mission. « Un poste où l’on est amené à manager des

équipes de quatre à vingt personnes en fonction de la typologie des missions », complète Alexandre Marret. La

fonction est très formatée. Chez Société Générale, les trois premières semaines sont ainsi consacrées à la

découverte du périmètre par le biais de rencontres avec les interlocuteurs compétents, l’objectif étant de bien

comprendre les processus et d’identifier les risques. « Cette base de diagnostic nous permet ensuite de cibler les

points que l’on approfondira pendant la phase de travaux de trois ou quatre mois, détaille Anne-Violette

Faugeras. La dernière étape est celle de la rédaction que l’on commence très en amont, et pendant laquelle on

reste en contact permanent avec les personnes auditées. Ces échanges nous permettent d’adopter une

démarche constructive avec des préconisations opérationnelles qui devront être mises en oeuvre dans les six

mois ou un an qui suivent la mission. » Moins d’un an après son intégration, Krystel Sicard-Malafosse ne

regrette pas son choix : « C’est une chance extraordinaire de pouvoir découvrir toutes les facettes de la banque,

en apprenant à travailler avec des gens de cultures différentes. L’inspection, c’est une continuité dans

l’apprentissage. On apprend tous les jours et on est obligé de se renouveler à chaque mission. Et puis il y a très

peu de métiers où l’on vous permet de manager une équipe au bout de trois ans de carrière. »

Préparer sa sortie

Cette véritable « école » de management a conduit nombre d’anciens inspecteurs vers les sommets. Un tiers des

membres du comité de direction de Société Générale ont ainsi commencé leur carrière par l’inspection générale.

« La seule question qui se pose en définitive à la sortie, c’est de savoir ce que l’on veut faire car toutes les portes

sont ouvertes, souligne Aurore Gaspar. En fonction de leur parcours, certains poursuivent dans le conseil en

rejoignant par exemple la direction de la stratégie. D’autres s’orientent vers des postes de management dans la

banque de détail. D’autres encore optent pour la structuration, le ‘trading’ ou les financements. Mais en général,

ce sont des postes habituellement ouverts à des profils plus seniors. »

Antoine Lefebvre, 42 ans, ne contredira pas cette assertion. Son passage à l’inspection générale de BNP

Paribas (BNPP) n’a duré que deux ans, mais il lui a permis d’accélérer sa carrière avec, en guise de promotion,

un poste d’inspecteur général au sein de la BMCI, filiale marocaine de BNPP spécialisée dans le marché de

l’entreprise, des particuliers et des professionnels. Trois ans plus tard, il pose ses valises à Bahreïn où il occupe

pendant six mois le poste de responsable régional du développement commercial dans les pays du Golfe. En

2005, il est nommé directeur général adjoint de SFDI (nom de l’ancien pôle services financiers et banque de

détail à l’international de BNPP) aux Emirats Arabes Unis, avec en charge la succursale d’Abou-Dhabi. Il y a deux

ans, il part rejoindre le Crédit Mutuel Arkéa en tant que directeur exécutif de la BCME, la banque commerciale

du groupe. Propulsé directeur général en décembre dernier, il dirige aujourd’hui une structure de 300 personnes

réparties dans 19 centres d’affaires dans toute la France. Lorsqu’il jette un regard en arrière, Antoine Lefebvre

reconnaît volontiers que sans son passage à l’inspection générale, son parcours professionnel n’aurait pas été le

même. « Cela m’a permis d’accéder rapidement à des responsabilités importantes, qui plus est dans un

environnement international, conclut-il. Clairement, cette expérience à l’inspection générale a été un véritable

tremplin à ma carrière. » Un itinéraire qui devrait d’autant plus inciter les jeunes diplômés qui rêvent de brillants

parcours dans la finance à s’intéresser à l’inspection générale.

Site Web : http://www.agefi.fr

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