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Comprendre la finance éthique et solidaire pour se tourner vers l’investissement responsable

Inspiration Business

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17/02/2022

Concilier performance financière et utilité sociale et environnementale, c’est ce que propose la finance éthique et solidaire. Mais qu’en est-il vraiment et comment choisir d’investir dans cette finance responsable ? C’est pour approfondir ces questions que le Club Finance EDHEC Alumni a convié trois invités : Astrid Hannecart (EDHEC 2017), conseillère en gestion de patrimoine et ambassadrice du Club Finance EDHEC Alumni, Gianfranco Gianfrate, professeur de finance à l'EDHEC Business School, et Jean-Louis Kiehl, président de la fédération française des chambres régionales du surendettement social.

Comment reconnaître la finance responsable ?

Là où la finance traditionnelle cherche la meilleure rentabilité économique possible, la finance responsable prend davantage en compte les indicateurs extra financiers, en intégrant des critères environnementaux, sociaux, et de gouvernance, les fameux critères ESG. Il s’agit donc d’une finance cherchant à avoir un impact positif sur l’environnement et la société. Pour Astrid, avant d’investir, « il est important de s’appuyer sur des labels, comme le label ISR et le label Greenfin ».

ISR signifie Investissement Socialement Responsable, le principe étant d’investir dans des entreprises qui contribuent au développement durable, donc de combiner performance économique et utilité sociale et environnementale. Astrid précise que ces fonds labellisés sont de plus en plus nombreux : 500 en 2020 contre plus de 800 en 2021.

Lancé en 2015 lors de la COP 21, le label Greenfin est quant à lui beaucoup plus sélectif et garantit la qualité « verte » des fonds d’investissements. Il exclut par exemples les entreprises du secteur nucléaire ou des énergies fossiles, et favorise celles qui opèrent une transition énergétique et écologique et luttent contre le réchauffement climatique. 

Ces critères et labels permettent de bien se renseigner sur les fonds avant d’investir.


Opter pour l’investissement solidaire 

5 types de fonds solidaires

  1. Fonds de partage : ton épargne est investie en bourse, et une partie des revenus et/ou frais de gestion est reversée à une fondation ou association caritative. Exemple : Meeschaert.
  2. Fonds 90/10 : 90 % des fonds sont investis en bourse (et tu peux choisir des critères d’investissement responsable), les 10 % restants dans des structures de l’économie sociale et solidaire. Exemple : Mirova.
  3. Immobilier de partage : l’immobilier représente le deuxième émetteur de CO2 en France ! Pour autant, tu peux investir dans ce secteur en prenant en considération les critères éthiques (comme la qualité environnementale des bâtiments). Et une partie des loyers et/ou des frais de gestion est reversée à une fondation ou association caritative. Exemple : Roche Dubar. 
  4. Actions entreprises solidaires : il s’agit tout simplement d’entrer au capital d’une société qui répond à des critères sociaux et environnementaux. Exemple : Familles Solidaires.
  5. Dettes entreprises solidaires (ou obligation solidaire) : en fait, tu finances directement une entreprise solidaire en lui prêtant de l’argent, en échange de quoi tu bénéficies d’un taux d’intérêt défini pour une période. 


CRÉSUS, organisme à vocation sociale bénéficiant de l’investissement solidaire 

Le réseau d’associations CRÉSUS * (Chambre gionale du SUrendettement Social), qui vient en aide aux personnes surendettées depuis 30 ans, est un bel exemple d’investissement solidaire : elle est financée à la fois par des particuliers et par des entreprises, notamment par J.P. Morgan et la HSBC. Des financements qui lui permettent de voir loin, puisque comme l’explique son président Jean-Louis Kiehl, « grâce au financement hybride venant à la fois de l’État, des collectivités et les ISR, l’association a pour ambition de promouvoir à l’échelle européenne son modèle d’inclusion financière »

Zoom sur l’investissement vert : entre développement durable et green washing

Pour Gianfranco, « ce pan de la finance en est à ses débuts, et face à un travail de longue haleine ». Mais selon lui, l’Europe est plutôt bien placée en la matière. Les millenials notamment s’y intéressent, et si cette population jeune ne dispose pas encore des capitaux, elle représente l’avenir. Les risques découlant du changement climatique représentent l’une des difficultés majeures liées à l’investissement vert. Chaque année lors du forum économique mondial de Davos est établie une liste des 10 risques les plus importants pour l’avenir des entreprises : on constate que ces dangers émanent pour beaucoup des modifications climatiques (vagues de chaleur, inondations, etc.) car de plus en plus de régions du monde y sont exposées. Cependant, Gianfranco explique que ces risques représentent également des opportunités, car la transition énergétique et écologique va nécessiter d’énormes investissements, publics et privés, pour aller vers cette nouvelle économie « low carbone ». Le potentiel pour les investisseurs et les professionnels de la finance est donc très important, et le système bancaire, qui évolue rapidement, s’y intéresse de près (notamment la Banque Centrale Européenne). 

 

3 arguments en faveur de l’investissement green 

  • L’investissement responsable est en pleine croissance et de plus en plus intégré dans les décisions.
  • 90 % des investissements professionnels effectués dans le monde prennent en compte la durabilité pour choisir les actifs composant leurs portefeuilles.
  • Les données démographiques évoluent en faveur du développement durable et du changement climatique. 

 

3 aspects négatifs de l’investissement green 

  • Le green washing, c’est-à-dire les opérations pour présenter les activités d’une entreprise comme plus vertes qu’elles ne le sont réellement.
  • Un développement durable fragmenté.
  • L’absence de mesures pour faire appliquer les promesses des entreprises.  


S’afficher « green » : la question de l’évaluation

 

Gianfranco indique que dans le monde, seulement 12 % des actifs gérés par les sociétés d’investissement sont réellement verts, alors que 90 % des investisseurs sont en faveur des investissements prenant en considération le climat et le développement durable. Le problème réside entre autres dans le système d’évaluation, car chaque société produit ses propres bilans, et la majorité des données ne sont pas auditées. De même, cette évaluation est rendue difficile par toutes les strates qu’implique le principe d’être « vert ». En effet, les éléments à prendre en compte sont multiples : émissions générées par l’entreprise pour produire ses biens ou services, énergie achetée pour fonctionner (une énergie jamais 100 % verte), émissions générées par la chaîne de fournisseurs et les déplacements professionnels, etc.

 

Mais si le business de l’investissement green reste encore imparfait et qu’il reste du chemin à parcourir, la finance responsable reste un moyen d’agir. Investir dans l’économie solidaire résulte notamment en des bénéfices concrets et utiles à la société. 

 

Tu as des questions sur ce sujet ? La communauté EDHEC Alumni se tient à ta disposition. N’oublie pas de consulter le calendrier pour nous retrouver lors de nos événements : l’opportunité d’échanger autour de thématiques variées ! 

 

   

*Jean Louis Kiehl a initié la mise en place de la plateforme CRESUS de prévention du surendettement et de l’exclusion financière et économique. 

La Fédération CRESUS est aujourd’hui composée de 30 associations indépendantes engagées dans le combat de la lutte contre le surendettement. En pratique, elles reçoivent toutes les personnes faisant face à des problèmes financiers, quels que soient leurs revenus ou leurs origines sociales. Elles trouvent toutes les solutions possibles pour les aider, y compris dans certains cas en proposant du microcrédit social.

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