Arbitrer un match de football et manager une équipe, quels rapports ?
rédigé par Louise Henninot, Adjointe de la Chaire Leadership et Compétences Managériales de l’EDHEC
Photo : @ L'Equipe.fr - Stéphane Lannoy, arbitre de football international, intervenant de la Chaire Leadership et Compétences managériales.
Arbitrer un match de football et manager une équipe, voyez-vous un lien ?!
C’est la question que nous soumettons aux managers et dirigeants qui viennent se former avec la Chaire Leadership et Compétences managériales de l’EDHEC et Stéphane Lannoy, arbitre de football international.
Quand Stéphane nous explique que la raison d’être de son métier est de « garantir le bon déroulement du jeu », cette définition de mission semble évidente…quand le jeu se passe bien. Mais si on considère que le jeu dépend de deux équipes de 11 joueurs, de dizaines de milliers de spectateurs et de téléspectateurs, d’un contexte géo-politique parfois sensible…, alors ce rôle de « garant » du bon déroulement du jeu prend une dimension autrement complexe, s’apparentant à celui de l’équilibriste, voire de la tête brûlée !
Et en même temps, être un homme ou une femme au cœur d’un contexte à appréhender, d’équipes à animer, de contraintes temps et stratégiques en tout genre à gérer… c’est bien ce que vivent des milliers d’hommes et de femmes communément appelés « managers » !
Le premier lien se tisse entre l’arbitre et le manager, mais allons plus loin : ces « Hommes en noir » à l’instar des managers, seraient-ils des casse-cou ? Sinon, comment porter une telle responsabilité ?
Cherchons !
200 décisions en 90 minutes
Stéphane nous montre qu’effectivement il semble seul sur le terrain, mais qu’en réalité, son rôle est indissociable de l’équipe d’arbitres avec qui il est en permanence connecté. Lui l’arbitre principal, est amené à prendre 200 décisions en 90 minutes. Pour que ses décisions soient justes et équitables, il s’appuie de manière inconditionnelle sur cette équipe. Concrètement, comment cela fonctionne-til ? Cette équipe d’arbitres prépare avec minutie l’ensemble des matchs pour lesquels elle va intervenir : comprendre les tactiques de chaque joueur, avoir connaissance de l’historique de chacune des équipes, cerner le contexte géopolitique des pays concernés par les matchs, appréhender les enjeux du match qui se joue… voilà différents éléments de contexte qui doivent être travaillés pour que l’arbitre puisse assurer, en contexte, la posture de garant des règles.
Prévoir l’imprévisible
Ce travail de préparation est une étape indispensable à l’arbitre pour lui permettre de ne pas être dans la réaction, mais dans l’action lors du match. L’arbitre central ne peut pas tout voir sur le terrain. L’enjeux est de se préparer à toute éventualité et de s’assurer d’avoir le bon angle de vue au moment de la prise de décision. Les autres collaborateurs ont donc une vision périphérique et une mission bien définie avant le match. Bien préparée, l’équipe assure le backup à l’arbitre qui peut ainsi se concentrer sur son rôle. Cette fine répartition des rôles permet d’agir tout au long du match quand celui-ci se déroule normalement mais aussi, et surtout, en cas d’imprévus.
La décision responsable
La prise de décision devient dès lors un travail d’équipe : l’arbitre central peut s’offrir le luxe de retarder de deux secondes une prise de décision avec un coup de sifflet et en parallèle un échange oreillettes efficace pour confirmer la décision avec ses collègues. L’équipe devra alors être réactive, partager un vocabulaire commun et prendre position pour que l’arbitre sur le terrain puisse porter haut et fort la décision retenue. Dans un tel processus, la responsabilité de la décision est partagée avec l’ensemble de l’équipe. L’arbitre central, qui nous semblait pourtant si seul, est complètement soutenu par son équipe.
Une nouvelle analogie avec le métier de manager ? Avec une grosse différence tout de même : le manager a souvent plus de 2 secondes pour prendre une décision !
Refaire le match
Une pratique bien inspirante pour les managers et dirigeants que nous recevons en formation est celle largement pratiquée dans l’univers arbitral : « refaire le match après le match ». En quoi cela consiste ? Accompagné d’un facilitateur, l’équipe d’arbitres se retrouve pour débriefer les 90 minutes de jeu et identifier les éléments factuels qui se sont produits lors du match. L’enjeux est d’identifier et de comprendre les processus qui se sont joués pendant la partie afin d’en tirer des apprentissages individuels et collectifs. Cette démarche permet d’identifier tant les échecs que les succès afin de les corriger ou les reproduire.
La réflexivité, un entrainement à part entière
Prendre du recul, questionner nos attitudes pour comprendre notre manière d’agir en action. Prendre conscience de nos reflexes et leur impact sur le système dans lequel nous évoluons, c’est tout bonnement développer la soft skill de la réflexivité. Cette compétence est au cœur de tous les dispositifs pédagogiques portés par la Chaire Leadership et Compétences managériales pour permettre à chaque manager d’accéder à ses ressources pour diriger et exercer un leadership responsable.
A propos de la Chaire Leadership et Compétences Managériale de l’EDHEC
L’exercice de l’autorité n’est pas tant une question d’acquisition de techniques pour avoir de l’impact que d’accession aux « fondations » de notre leadership, c’est-à-dire nos ressources pour diriger.
L’expertise de la Chaire Leadership et Compétences Managériale de l’EDHEC propose depuis 15 ans cette pédagogie unique, qui permet à chaque manager ou top manager de trouver sa juste place dans l’exercice de son autorité.
Notre approche : l’apprentissage réflexif et en communauté.
Apprendre c’est changer. Changer ses croyances. Tentés par le voyage vous aussi ?
Retrouvez plus d'informations sur le site de la Chaire
A POSTURE DE L’ARBITRE, SOURCE D’INSPIRATION POUR LE MANAGER.
Module de formation co-animé avec un sportif de haut niveau : Stéphane Lannoy, arbitre international de football, sous condition de sa disponibilité.
Arbitrer deux équipes de footballers pendant 90 minutes dans un stade de 80 000 personnes et manager une équipe au jour le jour, est-ce si différent ?
- D’un sujet apparemment décalé, plusieurs ingrédients essentiels du management sont partagés : prendre, assumer et soutenir ses décisions dans un contexte de grande responsabilité.
- La grande différence réside dans le temps dont l’arbitre et le manager disposent lors de la prise de décision : l’arbitre a 1 seconde pour siffler une faute et annoncer la sanction …
Objectifs de la journée :
- Réapprendre à prendre le temps du management
- Réinvestir dans la préparation de la décision
- Redécouvrir l’impact du non verbal
Module de formation co-animé avec un sportif de haut niveau ; Stéphane Lannoy, arbitre international de football, sous condition de sa disponibilité.
Ce module s’effectue en collectif (jusqu’à 30 personnes), sur une journée.
Commentaires0
Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.
Articles suggérés